La tour Paris 13, galerie éphémère de street art international

Par Karima Romdane

Pour modifier le regard des citadins sur leur environnement et leur ouvrir un univers artistique riche et singulier, une centaine de graffeurs de dix-huit nationalités différentes ont investi pendant 7 mois l’immeuble du 3-5 rue Fulton, HLM de neuf étages du XIIIe, destiné à la destruction à la fin de l'année et transformé en temple du sreet art le temps d’une saison. Le projet, baptisé « Tour Paris 13 » est ainsi voué à disparaître. De l’extérieur, rien ne transparaît de cette ruche artistique, en dehors d’un immense graffiti orange et noir d’inspiration orientaliste, réalisé sur toute la hauteur de la façade, par le "calligraffeur" tunisien, El Seed, connu pour ses collaborations avec la marque Vuitton.

Il sera pourtant possible d’admirer cette galerie d’un style tout à fait particulier jusqu’au 31 octobre tandis que les visites seront limitées à 49 personnes. Parmi les artistes présents, des précurseurs du mouvement street art comme D*face (Angleterre), Vhils (Portugal), Ethos (Brésil), Alone (Iran), Vexta (Australie), Btoy (Espagne), El Seed (Tunisie), Inti Castro (Chili) ou encore Stinkfish (Mexique).

La Galerie ITINERRANCES est, depuis 2004, la vitrine du street art à Paris. Le Tunisien Mehdi Ben Cheikh, son fondateur, soutenu par Jérôme Coumet, le maire du 13e, a rallié des bailleurs à la cause des graffeurs comme l’artiste C215, qui réalise dans l’arrondissement un « parcours-fresque » sur des dizaines de façades de logements sociaux. Mehdi Ben Cheikh souhaitait un projet plus vaste, un terrain de création plus imposant… et surtout un lieu voué à la destruction « car l’éphémère est l’essence du street art », selon lui. Il a ainsi donné à chacun de ses artistes non pas un mur mais un appartement entier, afin de laisser libre court à leur créativité.

Sur 4 500 m2 de surface, répartis sur les 10 niveaux de la tour, l’exposition propose un large panel de ce qui se fait en matière de Street Art autour du monde. Brésiliens, Saoudiens, Tunisiens, Iraniens, Espagnols, Australiens, Français ou italiens, 18 nationalités, venus à leurs frais, ont investi les lieux pour cette carte blanche exceptionnelle, la première à cette échelle dans l'univers du Street Art.

Le street art italien sera présent à travers une section dédiée, regroupée au 3ème étage sous le nom "Il Piano". Elle présente quinze artistes invités : 108, Agostino Iacurci, Awer, Dado, Etnik, Hogre, Hopnn, JBRock, Joys, Moneyless, MP5, Orticanoodles, Peeta, Senso et Tellas.

Cet événement ne restera pas totalement sans trace. Un documentaire par le réalisateur Thomas Lallier sera diffusé en 2014 sur France Ô et une visite en ligne est disponible en français et anglais. On pourra parcourir les différents étages, voir le travail d'un artiste en particulier ou encore rentrer dans les appartements. Après la fermeture de l'expo aux visiteurs, la plateforme passera en noir et blanc, les internautes seront invités à choisir les œuvres digitales à conserver en cliquant dessus pour les remettre en couleur. Ils auront dix jours pour le faire, après, tout ce qui est resté en noir et blanc disparaitra définitivement du site. Les organisateurs encouragent également, les visiteurs à poster leurs propres photos sur les réseaux sociaux, accompagnées du hashtag #TourParis13.

Une nocturne exceptionnelle jusqu’à 2h sera proposée dans le cadre de la nuit blanche.