Archives Théâtre

Publié le mercredi, 2 décembre 2009 à 12h33

Sik Sik le Maître de Magie d’Eduardo de Filippo

Par Stefano Palombari

L'atmosphère du vieux music-hall en toile de fond pour évoquer les déboires de Sik Sik le magicien. Sur la scène poussiéreuse d'un cabaret de troisième ordre, les notes d'un petit orchestre bercent les spectateurs qui attendent avec impatience l'arrivée de l'artiste. Des chansonnettes remplissent l'air chargé d'ennui. Dans les coulisses, Sik Sik et sa femme patientent, tels, plus tard, Vladimir et Estragon qui attendent Godot, car leur complice de jeu n'est pas au rendez-vous. Le premier venu fera l'affaire.

La rencontre sera ponctuée par un enchaînement de quiproquos. Au moment d'entrer en scène l'affaire se complique par l'arrivée de l'ancien partenaire. Il y a à présent un travail pour deux prétendants et aucun des deux ne veut renoncer à la paie de dix mille lires. Finalement, après une dispute, les deux seront de la partie ; la catastrophe finale est assurée. L'orchestre sonne et essaie lamentablement de couvrir le ridicule qui submerge le pauvre magicien déboussolé par les maladresses de ses deux associés. Les coulisses se transforment en atelier de bricolage : Sik Sik essaie désespérément d'ouvrir la malle dans laquelle est enfermée sa partenaire et femme, enceinte jusqu'aux dents...

Sik Sik le maître de magie met en lumière les difficultés d'une profession, celle de l'artiste, ses impératifs de réussite et ses désillusions. On s'interroge sur la place d'un artisanat d'art dans un contexte culturel difficile ou seuls les événements médiatisés et le star système sont encouragés et primés. C'est l'image même du système social où les écarts ne cessent de s'agrandir. Les mauvaises passes de Sik Sik nous éclairent sur la mauvaise passe dans laquelle se trouve notre société, et nous pousse à réagir contre cette régression galopante. Désenchanté, entre raison et folie, Sik Sik connaît l'art doux-amer de survivre aux petites et grandes misères du quotidien, il se bat, tel un Don Quichotte face aux adversités et contre les moulins à vents.

Luciano Travaglino, le metteur en scène, explique que mettre en scène une pièce d’Eduardo de Filippo c’est renouer avec les traditions du théâtre populaire italien. Sik Sik le Maitre de Magie est la pièce fétiche d’Eduardo de Filippo (il l’a jouée une dernière fois au Teatro Lirico de Milan dans le cadre des festivités pour ses 80 ans). Faire revivre aujourd’hui cette comédie presque tragique c’est réinventer l’univers de l’Avanspettacolo, cabaret italien cher à Federico Fellini : on trouve un bel exemple de cette forme artistique dans Fellini Roma, l’aperçu d’une représentation dans un petit théâtre populaire de banlieue.

Le texte de Sik Sik le Maitre de Magie est presque un canevas dans la tradition du théâtre improvisé que De Filippo a pratiqué dans ses premières expériences théâtrales. C'est-à-dire un teatro a soggetto, sorte de comedia dell’arte sans masque. Ce texte est le fruit d’une réminiscence théâtrale ancestrale transmis de père en fils. Eduardo de Filippo était le fils naturel d’Eduardo Scarpetta, grand acteur et auteur de comédie du 19ème siècle. Sik Sik est donc un texte qui nécessite un jeu théâtral « en ouverture », c'est-à-dire une entente extrême entre les partenaires et une grande attention et écoute à l'égard du public. C’est à cette école de l’Avanspettacolo que se sont forgés les grands acteurs de la comédie italienne : Toto, Sordi, Tognazzi…

Informations pratiques
Théâtre de la Girandole plan d'accès
4 rue Edouard Vaillant - 93100 Montreuil
Réservations 01 48 70 75 51
Dates : les 3, 10, 17, 24 et 31 Mai 2010 à 20h30.

tarif préférentiel 12 € pour nos internautes (dans la limite des places disponibles)
pour obtenir la réduction, réservez au 01 48 70 75 51 en citant l'Italie à Paris et présentez à la caisse ce justificatif imprimé

Sik Sik le Maître de Magie
Théâtre de la Girandole,les 3, 10, 17, 24 et 31 mai 2010 tarif préférentiel