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Publié le lundi, 9 mars 2009 à 12h16

Portrait de ville avec dames

Par Stefano Palombari

Gianni De Gregorio n’a jusqu’à présent jamais réalisé de film. Il a été scénariste, comédien et metteur en scène pour le théâtre. Le déjeuner du 15 août est sa première réalisation. Résultat : Un petit film sans prétention, très drôle, original et très bien tourné. Une petite perle qui se laisse regarder avec plaisir. Le personnage principal est Gianni. Comme le réalisateur. Et ce n’est pas un hasard si c’est lui qui joue ce rôle car les éléments autobiographiques sont bien présents et totalement assumés.

Voilà ce que nous avoue le réalisateur : « Fils unique, j’ai été contraint pendant de longues années à me mesurer seul (ma femme et mes filles s’étant volatilisées par instinct de survie) à ma mère, veuve, un personnage à forte personnalité. (…) J’ai joué le rôle principal car durant la préparation du film, alors que j’expliquais à l’équipe qu’il fallait trouver un homme d’âge mûr, plus ou moins alcoolique, ayant vécu des années durant avec sa mère, tous les visages se sont tournés vers moi »

Mais c’est aussi un portrait très réussi de Rome. La Rome du 15 août, une ville déserte. Gianni qui boit un verre sur un fût retourné avec son copain Vikingo dans un calme surréel en donne une image très éloquente. Ainsi que la promenade à scooter dans des rues totalement dégagées pour aller chercher le poisson pêché dans le Tibre par les nouveaux immigrés.

Mais aussi un portrait beaucoup plus en profondeur. Ceux qui ont vécu dans la ville éternelle en retrouveront l’atmosphère, les goûts, les couleurs, les bruits, les lumières… Sa façade sympathique et respectable, sa nature dure et vénale prête à se montrer à la première occasion. À l’instar des trois dames qui derrière une attitude conciliante dissimilent des griffes redoutables. Mais tout ça ressort avec une délicatesse extrême, la vraie matière paraît ci et là sous le vernis écaillé.
Ce n’est donc nullement un film sur les bons sentiments. Derrière ce paravent de générosité se cache la réalité d’un rapport donnant-donnant. Gianni est totalement fauché. Ses services sont bien rentabilisés et cela jusqu’au bout, jusqu’à la dernière scène.