Nunzio de Spiro Scimone au festival En compagnie d'eté

Par Stefano Palombari

Après le succès de ce printemps où la pièce était à l’affiche au théâtre Pixel, la compagnie Noved Land repropose ce spectacle cet été du 4 au 8 août 2009 au Théâtre 14 dans le cadre du festival En compagnie d'été.

Ecrite en 1993, la première pièce de Spiro Scimone est une partition pour deux caractères en un seul acte, qui pose les fondements de son écriture. Celle d’un acteur qui entend écrire pour les acteurs : « Mon écriture est une écriture d’acteur. D’acteur, parce que je suis un acteur et que l’acteur - l’humain - est l’essence du théâtre ».

Ils sont deux, dans un même appartement, chacun avec sa propre solitude. Deux êtres en marge de la vie. L'un est toujours en vadrouille, requis par des missions mystérieuses, peut-être un tueur à gage. L'autre reste enfermé à la maison, uniquement préoccupé par le réfrigérateur et par la maladie qui est en train de lui détruire les poumons.

Ils se retrouvent dans cet espace fermé qu'est la cuisine, autour de la table, centre de ce lieu unique qui leur sert de maison, de refuge, de tanière. Tous deux s'y cachent, vis-à-vis d'eux-mêmes, vis-à-vis du monde. Aucun des deux n'est capable de prendre en mains son propre destin. Le premier est sous la coupe d'un mandant mystérieux et invisible. Le second s'accroche aux médicaments et au lumignon qu'il entretient devant une image du Sacré Cœur pour ne pas prendre conscience de la maladie qui est en train de l'emporter. Dans cet espace fermé, le monde extérieur ne pénètre que par le bruit lancinant d'une sirène, la sonnerie d'un téléphone auquel personne ne répond, des coups tapés dans la porte.

Mais il y a aussi des enveloppes glissées sous la porte, des enveloppes qui contiennent de l'argent, des billets d'avion, une photographie, sans doute les instructions pour une prochaine mission…

C’est l’histoire d’une amitié d’une grande pudeur, celle de deux hommes qui veillent l’un sur l’autre. Nunzio, employé dans une usine de peinture et Pino, son ami dont les activités sont ponctuées de fréquentes absences mystérieuses, ont migré du sud de l’Italie vers une petite ville du nord, où ils partagent un modeste logement. Nunzio, le doux, a besoin de Pino, le sombre, pour traverser la vie, la ville, le sexe et l’autorité. Pino, le criminel, retrouve sa dignité dans sa tendresse pour Nunzio. Entre deux contrats, entre deux avions, Pino rentre à la maison où Nunzio traîne en pyjama, sérieusement malade.