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Publié le samedi, 9 octobre 2010 à 12h09

Présentation du livre Enfants d’Italiens, quelle(s) langue(s) parlez-vous ?

Par Rédaction

Le mercredi 20 octobre 2010 à 18h30 à l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, aura lieu la présentation du livre Enfants d’Italiens, quelle(s) langue(s) parlez-vous ? par les professeurs Isabelle Felici et Jean-Charles Vegliante. Lectures par Chantal Saragoni suivie de Chants de l’émigration par la chorale Sono solo canzonette dirigée par Paola Niggi.

Avant les blacks, avant les beurs, avant les portos, il y a eu ces Italiens que l'on ne remarquait qu'à peine (mais déjà trop pour une certaine droite bien assise), que l'on n'appelait pas encore - plutôt sympathiquement - "ritals" ; dont la culture (un terme que personne n'utilisait pour ça, à l'époque)aurait fait penser peut-être à celle des romanichels, toujours là où on ne les attendait pas, bref aux Roms d'aujourd'hui dans l’imaginaire collectif.

À l'opposé de celle des Français dits "moyens", foncièrement sédentaires. Ils étaient à la fois transparents, surtout après que l'entrée en guerre de leur pays en 1915 (mieux vaut tard que jamais) les eut lavés de certaines taches - comme celle d'avoir une cuisine "nauséabonde", mais oui, et de refuser de se battre pour rien -, et quand même trop quelque chose, inévitablement : trop bruyants, trop excités, trop rouges, trop cathos (ou Christos), trop effacés et donc sournois, trop entreprenants avec les femmes françaises, etc. - d'ailleurs polygames clandestins, chuchotaient le "braves gens" plaisantés par Brassens... Et, pour l'avoir fait une fois (le 10 juin 1940), encore et en douce toujours susceptibles d'un coup de poignard dans le dos.

Tout cela remonte loin, on a le droit d'oublier : si loin que personne, à l'époque, ne s'intéressait à ce genre de question. Transparents et indifférents, invisibles, peu à peu "intégrés" au reste (ils disaient "otorizzati" pour naturalisés), et plutôt bien. Rideau. Qu'est-ce qu'ils ont dû souffrir, ces "macaronis" et "italboches" primo-migrants, ces "ours", pour que leurs descendants aujourd'hui soient parfois devenus les plus xénophobes d'Europe !

Un drôle de travail de deuil, ou peut-être son refus obstiné. Notre ambition, dans une structure universitaire qui a été la première à remuer ces cendres, serait que cette soirée, faite de témoignages et d'expressions "populaires" (autant que dire se peut, à l'ère du numérique médiatique), chantées en particulier, serve au moins à rendre ce travail un peu plus réfléchi, et pacifié. Selon la formule immortelle de Coluche, "Vous êtes beurre, moi plutôt fromage, mais quand même tendance parmesan"...