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Publié le mercredi, 20 février 2013 à 08h00

Trois turbulences de Lina Wertmuller au cinéma

Par Emilie Voisin

Quelque peu oubliée aujourd’hui par la cinéphilie française, Lina Wertmüller fut dans les années 1970 l’une des cinéastes européennes les plus célèbres et les plus controversées. Auteur d’une œuvre riche et polémique, elle fut également la première femme nominée aux Oscars dans la catégorie du meilleur réalisateur.

C’est sa rencontre avec Federico Fellini, en 1962, qui la fait basculer dans le monde du cinéma. Engagée en 1963 comme assistante sur Huit et demi, elle réalise la même année son premier long métrage, I Basilischi qui remporte un grand succès dans son pays.

Tamasa Distribution ressort en salles et en version restaurée, trois "turbulences", trois films de la réalisatrice italienne: Mimi métallo blessé dans son honneur (1972), Film d’amour et d’anarchie (1973) et Chacun à son poste et rien ne va (1974)

Comme l'explique Ariel Schweitzer: les trois films de Wertmüller, ici présentés, abordent des questions philosophiques, politiques et morales, en les liant à l’univers de la sexualité ; deux d’entre eux sont également marqués par la collaboration avec Giancarlo Giannini, acteur fétiche de Wertmüller, qui a remporté le prix d’interprétation à Cannes pour Film d’amour et d’anarchie (1973).

Cette œuvre, considérée par certains comme la meilleure de son auteur, retrace les derniers jours de la vie d’un anarchiste d’origine paysanne, Tonino, qui débarque à Rome dans le but d’assassiner Mussolini. En attendant le jour de l’attentat, il se cache dans une maison close où travaille l’une de ses connaissances et tombe sous le charme d’une autre prostituée, Tripolina, avec qui il va partager quelques jours d’idylle...

Dans Mimi métallo blessé dans son honneur (1972), elle peint une nation italienne minée de l’intérieur par le phénomène de la mafia et de la corruption. C’est une vision prémonitoire d’une société régie par un pouvoir parallèle - le monde de la finance et de la mafia –, un pays où l’État est souvent relégué au statut d’observateur impuissant ou, pire, de complice.

Le film est aussi une dénonciation loufoque des codes d’honneur, du machisme et de la structure patriarcale qui prédominent dans un pays archaïque qui se dit « moderne ».

Chacun à son poste et rien ne va (1974) décrit l’odyssée d’un groupe de jeunes Italiens du Sud qui s’installent à Milan et fondent une sorte de communauté utopique de solidarité et de partage. Mais leurs rêves et leurs idéaux se brisent rapidement face à réalité brutale de la grande ville, du monde du travail et de la consommation, de l’individualisme ambiant et des rapports de classe...

Informations pratiques
Dans les salles
Dates : à partir du 20 février 2013

Affiche de trois films de lina wertmuller
Dans les salles, à partir du 20 février 2013