Pippo Delbono, Ma mère et les autres, Exposition à la Maison Rouge

Par Ilaria Venneri

A partir du 5 septembre 2014, Pippo Delbono rencontre la Maison Rouge. Un réfectoire et deux chambres — la voix de Pippo Delbono — une comédienne — des vidéo-projecteurs — des téléviseurs — un fauteuil — une table et des chaises — des bâches — des centaines de photos éparpillées — la musique. La voix, les mots, le mouvement, la lumière, la musique, les images… Pippo Delbono les manipule au théâtre comme au cinéma.

Un labyrinthe dans lequel le Minotaure aurait disséminé des fragments de lui. Un Minotaure qui nous tendrait son propre fil pour nous mener à lui. Un Minotaure aux allures de Saint Sébastien dont chaque flèche baliserait son existence, dont chaque stigmate serait le fruit de ses drames, de ses rencontres, de sa violence, de sa tendresse, de tout ce qui aurait marqué sa peau.

Pippo Delbono a construit cette exposition autour d’une dramaturgie aussi occulte que limpide. Le visiteur est ainsi contraint à suivre des temps et des rythmes précis.

Accompagné d’une guide muette et guidé par la voix de Pippo Delbono il traversera un réfectoire, une chambre noire, un vestibule, un dédale blanc. Comme les pièces d’un puzzle, comme les amers d’une vie.

Pippo Delbono détourne ici les supports habituels de l’art contemporain (installation, vidéo…) pour les immerger dans l’art des sens. Loin des concepts, il s’agit ici de perdre ses repères, de se perdre pour exacerber son acuité, son attention au monde.