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Publié le vendredi, 18 novembre 2011 à 12h00

Pasión, programme latino avec Roberto Alagna à l'Opéra Royal de Versailles

Par Karima Romdane

Bésame Mucho, Piensa en mí, La Cumparsita, Historia de un amor, Quizás, quizás, quizás, La Llorona… Chacun connait ces mélodies immortelles qui sont le meilleur des musiques populaires d’Amérique latine. Dans Pasión, Roberto Alagna propose une extraordinaire promenade dans le boléro cubain, la ranchera mexicaine et le tango argentin. De grand classique en grand classique, il tutoie le mythe de ses immenses prédécesseurs dans ces répertoires : Carlos Gardel, Pedro Infante, Jorge Negrete, Agustin Lara…

« Ces musiques viennent de la terre, ce sont des musiques de paysans, de vachers, de gauchos, explique Alagna. Elles sont faites pour danser. C’est pourquoi il ne faut pas les dénaturer en changeant la couleur et les intentions de l’arrangement. Comme pour presque tous les répertoires populaires, elles ne fonctionnent pas si on les aborde avec une voix d’opéra. On peut utiliser une voix éduquée mais surtout pas une voix trop épaisse et trop puissante. Il faut que la voix reste instrumentale, joue avec le feeling et avec le swing mais ne touche pas a l’intimité qui est une des plus grandes forces de ces chansons. »

Cette intimité, c’est aussi le sentiment de Roberto Alagna vis-à-vis du répertoire latino. « Comme pour les chansons siciliennes que j’ai enregistrées ou que je chante sur scène, j’y suis allé à l’instinct : toutes ces chansons me parlent immédiatement, comme elles parlent immédiatement au public. J’ai un tempérament exubérant mais, au fond de moi, je reste un romantique – c’est pour ça que je fais de l’opéra, après tout. »

Mais le chanteur lyrique doit aussi se souvenir que la chanson populaire sud-américaine n’est jamais corsetée par une partition : « La difficulté dans ces chansons est de trouver le swing, dit Alagna, de ne jamais être trop carré, de se placer dans ces rythmes qui ont l’air simples mais qui sont très sophistiqués. » Alors, Cielito lindo sonne vraiment comme une chanson de mariachis mexicains ou Siboney, comme un boléro jadis à La Havane, tandis que La Llorana apparait dans des parfums flamencos…

« Pour El Día que me quieras et Por una cabeza, je n’ai pas essayé de me démarquer de Carlos Gardel. Au contraire : j’ai utilisé le même phrasé, les mêmes effets vocaux et les mêmes intonations que lui. J’ai essayé de garder ma couleur de voix en servant sa façon de chanter. Quand à l’opéra on chante La Bohème, il faut que ça sonne Puccini, et il faut trouver la couleur verdienne dans Verdi ; là, j’ai essayé de trouver la couleur gardélienne, même si ici ou là je me suis adapté, comme dans Por una cabeza, que je prends plus haut que lui. »

Informations pratiques
Opéra Royal du Château de Versailles
Château de Versailles -Place d’Armes – 78000 Versailles. Entrée par la Grille d’Honneur.(RER C direction Versailles Rive Gauche - Arrêt Versailles Rive gauche). Tél.01 30 83 78 89 (du lundi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h). Tarifs : Cat. 3 : 90€, Cat. 2 : 150€, Cat. 1 : 200€, Cat. Prestige : 295€, Cat. Doge : 495€.
Pour réserver
Date : jeudi 24 et samedi 26 novembre 2011 à 20h30