Objets d'art italiens dans l'exposition Morceaux Exquis

Par Francesco Romanello

Dans le cadre de sa mission de rapprochement et de dialogue interculturel, la Fondation EDF nous invite à découvrir l'exposition Morceaux Exquis – Il y a un corps entre nous, qui propose jusqu’au 25 septembre 2011 un parcours inédit autour des représentations du corps humain produites au sein des diverses communautés culturelles du bassin euro-méditerranéen.

Décliné en quelques 300 objets d'art ancien et contemporain, ce voyage ludique dans la géographie du corps témoigne de la richesse et de la longévité des savoirs populaires, reliés aux cultures savantes, en médecine, art et littérature. Expérience plurielle, sensorielle et émotive, le corps cristallise l’identité culturelle. Chaque communauté, chaque pays a ses propres symboles et son propre langage pour le décrire, ainsi le corps devient un support d’expression et occupe une place centrale dans notre imaginaire collectif.

L’exposition s’articule autour des parties les plus symboliques du corps et des dictons qui les utilise. Elle mobilise des savoirs populaires, des objets d’art ancien et contemporain. Elle renouvelle ainsi notre regard sur le cœur, le foie, la main, les pieds, l’œil, le nez, la bouche...

Parmi les pays invités, l’Italie est à l’honneur avec plusieurs objets d’art qui démontrent toute l’originalité et la diversité des traditions de notre patrimoine culturel populaire, notamment du Sud de l'Italie.

Entre autres, le visiteur pourra ainsi découvrir l’amulette  Mano in fica, une pièce du XIXe siècle en provenance de Sicile. En corail, turquoise et cuivre, cette amulette protectrice reproduit un geste prophylactique dit « mano in fica » qui, a son tour, symbolise le sexe féminin. Ou encore, des ex-voto en argent à forme d’oreille et des bijoux pendentifs en forme de cure dent – cure oreille, en filigrane d’argent, corail et perles bleues originaires de Sardaigne.

Un autre exemple magnifique de l’art de représenter le corps humain nous est offert par la Pupazza de pain, originaire de Calabre, une figure féminine à trois seins, datée des années 60. En Italie on façonne encore des pains anthropomorphes avec des membres surnuméraires pour ponctuer les temps liturgiques. Cette plantureuse «Gina» est un bel exemple de syncrétisme car elle Concilie des célébrations archaïques de la fécondité avec celles de la Vierge. À partir des années 1960 est née la légende d’une nourrice qui calmait les pleurs des enfants avec une fausse mamelle remplie de lait. Les "pupazze" auraient donc deux seins pour le lait et un pour le vin. Cette proportion peut toutefois s’inverser quand elles offrent le sein à des mains plus mûres.

Des artistes italiens contemporaines de rénom international proposent eux aussi leur vision du corps : le visiteur pourra ainsi admirer Cuore, une oeuvre de Maurizio Cattelan (1990) et la Tavola delle Fiandre, une installation de 216 têtes en cire et émail de Beatrice Pasquali.

Une exposition intelligente et sensible qui touche le visiteur au plus profond de son appartenance au monde.