La Madone Esterházy de Raphaël à la Pinacothèque de Paris

Par Francesco Romanello

Pour fêter son agrandissement et inaugurer ses nouveaux espaces, la Pinacothèque de Paris accueille jusqu’au 29 mai l’une des collections privées les plus riches et réputées d’Europe, celle des princes hongrois Esterhazy : 55 chefs-d’œuvre exceptionnels, qui font aujourd’hui partie de la collection du musée des Beaux-Arts de Budapest, offerts à la découverte du public français pour la première fois.

Les origines et la passion pour l’art de cette grande famille de nobles magyares remontent au XVIIIe siècle, quand le prince Nicolas Ier commence à collectionner de nombreuses toiles de tous mouvements artistiques. Connaisseur méticuleux et expérimenté, son successeur Nicolas II les organise alors par "école" et ordre historique d’acquisition.

Pour respecter l’ordre des toiles instauré par Nicolas II, la Pinacothèque les expose également par école : française, espagnole, nordique, allemande... Parmi cet éventail extraordinaire de l’art classique européen, l’école italienne, chère à Nicolas Ier, occupe une place de premier rang. Deux toiles de Raphaël (La Madone Esterházy et Portrait d’un jeune homme) figurent notamment parmi les plus célèbres de l’exposition et méritent à elles seules le détour.

Chef-d’œuvre mondialement reconnu, La Madone Esterházy de Raphaël est une représentation exquise et intime de La Vierge et l'Enfant avec le petit saint Jean qui se détache sur un paysage d'une beauté exceptionnelle. Rarement prêté à l’étranger et encore jamais exposé en France, ce panneau de la Renaissance classique superbement conservé fut exécuté par le maître italien en 1508 lorsqu'il quitta Florence pour Rome.

Comme les critiques de l’art le soulignent souvent, la fluidité de la composition montrant les protagonistes liés par des échanges de regards et de gestes témoigne d'une évidente influence léonardesque, mais s’en écarte en remplaçant le sens du mystère typique de Da Vinci par une sensation de calme et familiarité spontanée (Wikipedia, La Madone Esterházy).

Parmi les surprises de cette exposition, on retiendra également une autre œuvre majeure de l’art italien encore jamais admirée en France : Les pèlerins d’Emmaüs du Tintoret. Une occasion à ne pas rater.