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Publié le dimanche, 6 novembre 2011 à 12h56

Fior di Barba. La Barbe dans l’Art du XVIe au XXIe siècle entre Sacré et Profane

Par Ilaria Venneri

« FIOR DI BARBA : la Barbe dans l’Art entre Sacré et Profane » est le titre de l’exposition aussi inédite qu’insolite consacrée au thème de la barbe dans l’art et qui se tiendra du 3 novembre au 23 décembre à la galerie parisienne de Maurizio Nobile. On pourra y admirer une trentaine de peintures, de sculptures et de photographies qui couvrent une période allant du XVIe au XXe siècle. En illustrant le thème de la barbe, on ne pouvait manquer de remonter aux premiers pas de la photographie : de la barbe historique de Victor Hugo photographiée par Nadar en 1883, à celle si célèbre du Che Guevara immortalisée par Korda en 1960.

Fruit de la longue et passionnante recherche de l’antiquaire Maurizio Nobile, toutes les oeuvres ont un seul dénominateur commun : la barbe et son rôle tel qu’il apparaît au cours des siècles. Des oeuvres à thèmes mythologiques côtoient des peintures liées à la tradition judéo-chrétienne pour finalement guider l’oeil du spectateur vers une série de portraits de personnages importants, réalisés entre le Cinquecento et l’Ottocento. Au-delà de leur diversité, les traditions et les cultures même les plus ancestrales se sont toutes accordées : la barbe, attribut de la virilité, est l’un des fils conducteurs du récit de l’esthétique masculine. Tout en ayant revêtu des significations symboliques attachées aux usages, aux traditions, à la foi religieuse, au rôle social et à la mode, la barbe reste « l’étendard » d’une sensualité dont seul l’homme est porteur. Dans la Grèce antique, on la percevait comme un signe de force et de virilité. À tel point qu’à Sparte, les lâches étaient obligés de se faire pousser la barbe sur un seul côté du visage.

À l’époque macédonienne, alors que l’usage du rasoir se répandait, la barbe devenait l’emblème de philosophes tels que Saint Jérôme, dont les trois portraits signés par Giovanni Battista Carlone, Domenico Mona et Giovanni Francesco Barbieri dit Guercino figurent dans l'exposition. D’après Saint Jérôme, la barbe est l'ornement que Dieu a donné à l'homme : impossible de la raser sans faire du tort au Tout-Puissant ! Une autre interprétation du visage barbu nous est proposée par le tableau Noli me tangere de Gaspare Landi (Plaisance 1756 – Rome 1830). Les traits sémites du Christ ici représenté s'accordent harmonieusement avec un corps inspiré des statues antiques d'Apollon.

Parmi les oeuvres les plus percutantes, signalons deux récentes découvertes de Maurizio Nobile, Le Roi Midas, peint autour de 1630 par Nicolas Tournier (Montbéliard 1590 – Toulouse 1639), un rare caravagesque français, à son retour de Rome, et Portrait d’un Gentilhomme de Leandro Bassano (Bassano del Grappa 1557 – Venise 1622) considéré comme le chef-d’oeuvre de jeunesse de l’artiste. C’est en effet une peinture de haut vol dans la plus sublime tradition du portrait vénitien, une exclusivité sur le marché de l’art. Parmi les sculptures, citons un buste néoclassique en marbre représentant Ménélas, inspiré d’une sculpture romaine du IIe siècle après J.C., également un important buste en marbre de Guillaume Tell signé Antonio Soldini (Chiasso 1853 – Lugano 1933), enfin une paire de vases en bronze doré finement ciselé, avec deux anses en forme de tête de Silène et attribuée à Pierre Gouthière (Bar-sur-Aude 1732 – Paris 1813).

Informations pratiques
Galerie Maurizio Nobile
45 rue de Penthièvre - 75008 Paris
Tel. +33 (0)145630775
Dates : jusqu'au 23 décembre 2011
Fior di Barba
Galerie Maurizio Nobile, jusqu'au 23 décembre 2011