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Publié le mercredi, 30 octobre 2013 à 08h30

La fin d’un monde

Par Emilie Voisin

film de valeria bruni tedeschi, un chateau en italie

Même si la réalisatrice franco-italienne a déclaré que pour elle, « ce film n’est pas une auto-fiction », on sent son vécu, comme si elle utilisait la caméra comme un autre irait s’allonger sur le divan d’un psy. Elle s’inspire de sa propre vie, mélange le vrai et le faux, comme une autobiographie réinventée et « spectacularisée » : l’histoire d’une famille de la bourgeoisie industrielle italienne, la mort de son frère Virgilio à qui le film est dédié, sa propre mère qui joue dans le film, le couple avec Louis Garrel…

Valeria Bruni Tedeschi filme et interprète le personnage de Louise, à un passage important de sa vie, qui la bouleverse et la remet en question : la vente du château familial qui signifie la perte des souvenirs d’enfance et la fin d’un monde ; la mort imminente de son frère adoré, malade du Sida ; sa rencontre avec un homme plus jeune avec lequel elle décide d’avoir à tout prix un enfant.

Les histoires familiales, les névroses, les non-dits se mêlent à la rencontre amoureuse, à la difficulté de créer une relation : Louise s’égare, perdue, elle tourne en rond, s’épuise toute seule. C’est d’ailleurs sa mère, pragmatique, qui résume sa vie en trois mots: « pas de mari, pas de travail, pas d’enfants ». Louise, elle, continue de chercher sa place, souvent décalée, farfelue parfois.

Les personnages comme le spectateur oscillent entre le rire et les larmes : on passe de situations comiques, à la limite de l’absurde - certaines scènes atteignent parfois un paroxysme hystérique, qui peut être très drôle ou presque agaçant - à des moments plus dramatiques, qui révèlent un fond empreint de tristesse, d’angoisse, de désespoir aussi.

À la fin un arbre tombe – une chute hautement symbolique – et un jeune homme fait le grand saut pour rejoindre sa douce : une histoire se finit, une autre commence… ?

Critique du film Un château en Italie