Archives Art Italien

Publié le lundi, 18 mai 2009 à 14h25

Sergio Ceccotti. Soupçon

Par Ilaria Venneri

La Galerie Alain Blondel nous invite pour la deuxième fois à découvrir l'œuvre du peintre italien Sergio Ceccotti, peintre du soupçon.
Dans le roman Prions pour la mort d’Olivier Gérard (Éditions Bernard Pascuito, 2005), un tableau de Sergio Ceccotti mis à l’encan à Genève se trouve au cœur de l’intrigue : « Les tableaux de Ceccotti avaient le pouvoir de vous faire pénétrer dans un monde à la fois mystérieux et familier, un monde où se mêlaient le vécu et l’inconnu.
Toutes les toiles du peintre étaient une histoire, une énigme : qu’attendait cette femme, à minuit, figée sur son lit, une livre à la main ? Que faisait cet homme d’affaires cramponné à la gouttière du huitième étage, un cri d’épouvante dans la gorge ? Ce couple élégant, qui s’apprêtait à dîner sur sa terrasse au-dessus des jardins de Rome, se déchirait-il ? »

Quoi de plus naturel qu’une peinture de Sergio Ceccotti, lui si habile à confondre réel et fiction, joue un rôle dans une œuvre littéraire ! Sa peinture déconcerte et noue des intrigues mettant des individus aux prises avec la ville. Ici un personnage solitaire écrasé par l’immensité urbaine ; là-bas une jolie femme en tenue de soirée fuyant par le rebord d’un immeuble quelque danger inconnu. Individus au bord du vide.

A la manière d'un cinéaste, le peintre utilise souvent des lieux identifiables pour développer une fiction ou fixer une impression. Quelques objets familiers, emblématiques de la vie « normale », achèvent le tranquille ordonnancement de la scène : téléphones portables, livres, photos de famille, actualités télévisées, plateau de fruits de mer…
Un réseau de significations s’élabore, le mystère s’impose et charge le moindre élément d’une présence incongrue et menaçante. L’insignifiant devient hautement signifiant, sans raison.

Peintre du soupçon, Sergio Ceccotti distille le doute chez le regardeur réduit à l’état de voyeur impuissant. Il s’agit non pas de regarder mais de voir le plus banal objet comme s'il pouvait enfermer une vérité. Aucune piste n’est privilégiée par le peintre. Il ne peut se résoudre à choisir un sens. La résolution du mystère importe moins que le mystère lui-même. Car le but est de susciter de troublants échos à travers l’apparence visible des choses. Là où d’autres préféreraient percer la réalité, le peintre nous laisse à l’extérieur comme on se heurterait à une vitre.

Posture philosophique ? Normalité et quotidienneté recèlent bien souvent plus de secret que l’anormal et l’exceptionnel. Seulement, par normalité, Sergio Ceccotti entend également ce qui est incompréhensible. Il voit le monde comme un rébus : c’est un rébus qui, parce que nous en faisons partie, est éternellement indéchiffrable.

Informations pratiques
Galerie Alain Blondel
128 rue Vieille du Temple 75003 Paris
Tél. 01 42 78 66 67, e-mail : galerie.blondel@wanadoo.fr
Dates : du 28 mai 2009 au 31 juillet 2009, Du mardi au vendredi de 11h à 19h et le samedi de 14h à 19h.
Inauguration :le jeudi 28 mai à partir de 18h :
Sergio Ceccotti
Galerie Alain Blondel, du 28 mai 2009 au 31 juillet 2009