Dessins du XVIIIe au XIXE siècle: Architecture, Décoration, Scénographie d'opéras italiens

Par Karima Romdane

La Galerie Daniel Greiner présente jusqu'au 30 mai une exposition sur les dessins du xviiie au xixe siècle projets de décors d’opéras italiens.

"La plupart des dessins présentés dans cette exposition appartenaient à un album ancien, de format italien, dans lequel environ quatre-vingt avaient été collés, sans ordre apparent et sans soumission aux thèmes ou aux techniques utilisées, du crayon noir à l’aquarelle en passant par toutes sortes de lavis. La reliure du volume et les feuillets, un papier bleu épais et ancien, ne portaient aucune marque qui aurait pu indiquer le lieu de confection de l’ensemble ni la date à laquelle le recueil avait été composé. Comparé à d’autres volumes factices, l’album semblait avoir été réalisé dans la première moitié du xixe siècle, mais rien ne permettait de savoir par qui ni pour qui. Tout au plus pouvait-on supposer qu’il était le fruit de la passion d’un amateur, ou peut-être plus sûrement d’un architecte ou d’un scénographe.

Seuls les dessins, et la moindre information qu’ils recelaient, pouvaient donc permettre de tenter une reconstitution des origines de cet ensemble. Quelques caractéristiques étaient communes à la majorité des feuilles de ce volume. Elles paraissaient toutes liées à l’architecture, mais réalisées rapidement et, parfois, avec des variantes juxtaposées. Elles évoquaient surtout des décors éphémères ou des décorations théâtrales, et donc plus les arts du spectacle que l’architecture réelle, par exemple palatiale, que certaines notes évoquaient cependant. La composition de plusieurs dessins dans lesquels les plans étaient nettement séparés, confirmait cette idée, comme une succession de toiles peintes échelonnées sur la profondeur d’une scène, et où tout un système relativement simple d’escaliers et de plateformes démultipliait l’espace dans la mouvance des univers piranésiens.

Parmi ces feuilles, des mains nettement individualisées pouvaient être distinguées et permettaient d’emblée des regroupements par affinités stylistiques que confortaient certaines publications comme, par exemple, les catalogues des collections d’arts graphiques de la Scala de Milan. Une fois établi ce premier classement empirique, nombre de feuilles parlaient d’elles-mêmes, livrant les noms de décorateurs, mais aussi de peintres ou d’illustrateurs qui s’occupèrent de décors éphémères et dont l’activité fut liée aux théâtres milanais de la seconde moitié du xviiie siècle et des toutes premières années du xixe."

Dominique Lobstein- Historien d’Art