Archives Art Italien

Publié le dimanche, 30 septembre 2012 à 13h03

Exposition Bruno Albizzati, Dérives

Par Paolo Merloni

Où finit l’espace dans les dessins de Bruno Albizzati ? Il ne finit pas. Il commence, là, sous nos yeux. L’espace prend forme. Il devient dense. Fusain comme gravures marquent cette densité. L’espace se mue en matière, il est infini. Comme si le dessin n’avait pas de fin. La seule limite est celle du cadre disait Pollock - ‘No limits, just edges’.Alors l’espace s’amplifie, dans un ailleurs qui hante le peintre.

Faisant du paysage un espace désincarné, Bruno Albizzati travaille sur des espaces abstraits, où sans cesse revient l’image du vide. Les paysages mettent en place la figure du creux, du manque. Les espaces semblent fuir, ils s’éloignent et se dissolvent. Inlassablement, fusains et gomme en main, l’artiste reconstitue cet espace qui lui échappe. Peindre l’abysse est chose difficile. Peindre le manque en cherchant à lui donner des contours, voilà le travail du jeune peintre.

Dans cet espace géométrique qui creuse le vide en son coeur, l’image apparaît dans le manque et c’est cela qui bouleverse le spectateur. Malgré la peur, les hésitations, les incertitudes, le trait s’affirme et est indéniablement reconnaissable. Peut-être est-ce cela le style ? Alors que les espaces semblent s’éloigner, les corps, eux, apparaissent dans la feuille. Ce sont deux mouvements contraires.

Les corps sont toujours dans la distance malgré tout.Ainsi le manque c’est aussi cette distance placée volontairement par le peintre entre le spectateur et ses oeuvres. Les peintures de Bruno Albizzati créent un sentiment de lointain comme s’il représentait des absences, des souvenirs d’un visage.

Informations pratiques
Galerie du Crous
11 rue des Beaux-Arts, 75006 Paris
tél 01 43 54 10 99
Dates : du 23 octobre 2012 au 3 novembre 2012
Dérives
Galerie du Crous, du 23 octobre 2012 au 3 novembre 2012