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Publié le jeudi, 26 janvier 2017 à 14h09

Paris et le quartier de l’Europe, Concert à 4 mains à St André de l'Europe

Par Karima Romdane

 Paris et le quartier de l’Europe- couverture

L'Eglise Saint-André de l’Europe accueille Samedi 28 janvier à 20h, un concert sur le thème "Paris et le quartier de l’Europe" que donnera Hervé Désarbre, organiste du Val-de-Grâce, en compagnie de Julien Bret, titulaire de Saint-Ambroise et ancien suppléant du Val-de-Grâce.

Ce concert est une balade musicale à travers les rues du quartier de Saint André de l’Europe, les compositeurs des villes et de ces pays, les œuvres qui y ont été écrites ou qu’elles ont inspirées

L’Europe Johann Sebastian Bach (1685-1750) Deux gavottes, pour orgue à 4 mains extraites de la Suite pour violoncelle seul n°6, arrangées par Louis Winkler par Julien Bret & Hervé Désarbre.
Les six suites pour violoncelle seul sont des pages de musique instrumentale pure où Bach est par excellence le maître de la liberté et où, pas un instant, il ne sombre dans l’arbitraire, ni dans l’abstraction gratuite. Un critique musical posait d’ailleurs cette question : « Et si cette musique païenne était l’une des plus belles formes de la prière ? ». La Suite n° 6 en ré majeur, BWV 1012 (1725), écrite pour un instrument à cinq cordes, est celle dont le style est le plus libre et souvent le plus virtuose. Elle se rapproche fréquemment de la cadence, avec rythmes irréguliers et ornements écrits. Louis Winkler, qui en a adapté les deux gavottes à l’orgue, fut un grand transcripteur devant l’Eternel, de Lully à Wagner, en passant par les quatuors de Beethoven, ou encore les symphonies de Mendelssohn.

La rue de Londres Julien Bret (né en 1974) Oliver Twist par Julien Bret
Julien Bret, titulaire du grand-orgue de l’église Saint Ambroise, à Paris, renoue avec une tradition, celle du divertissement à l’orgue, de la musique à programme. A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Charles Dickens, il nous a offert un portrait musical haut en couleurs du jeune héros Oliver Twist, et nous entraîne, avec le célèbre carillon de Big Ben, dans une ville de Londres tantôt inquiétante, tantôt insouciante, toujours séduisante.

La rue d'Amsterdam Klaas Bolt (1927-1990) Voici venir le bateau à vapeur, thème et variations ; Improvisation restituée par Dick Koomans par Hervé Désarbre
L'organiste néerlandais Klaas Bolt fut longtemps titulaire du prestigieux instrument de Saint Bavon de Haarlem. Improvisateur réputé, il utilisa en 1976 le thème d'une chanson très populaire, "Voici venir le bateau à vapeur", que l'on retrouve dans le menuet de la Sérénade Haffner, de Mozart, sous le titre « En mars, les paysans ». Recensée dans le "Livre de chansons des Allemands en Autriche", mais figurant par ailleurs comme "chant populaire de la Moravie du Nord", elle fait ici l'objet de variations qui font penser à celles de Charles Ives, avec leur bonhomie teintée de polytonalité. L’improvisation a été restituée par son élève Dick Koomans. Notons que cette chanson populaire est toujours chantée par tous les enfants de Hollande pour l'arrivée de Saint Nicolas, le 6 décembre : "Zie ginds komt de Stoomboot...".

La rue de Lisbonne João de Sousa Carvalho (1745-1799) Toccata en sol mineur (allegro) par Julien Bret
Compositeur portugais né à Estrimoz le 22 février 1745 et mort dans la province d'Alentejo entre 1798 et 1800, de Sousa Carvalho est membre de la Fraternité de Sainte Cecile, à Lisbonne, et professeur de contrepoint au Seminario da Patriarcal, où il devient maître de chapelle de 1773 à 1798. Il fut en outre professeur de musique de la famille royale jusqu'à la fin de son contrat en 1798. Il se retire ensuite dans sa propriété de l'Alentejo, où l'on perd sa trace. Il y meurt probablement en 1799 ou 1800. Il fut le plus important compositeur portugais de sa génération. Auteur d'une quinzaine d'opéras, il a également écrit six Messes et trois Te Deum, et de la musique instrumentale.

La rue de Constantinople Louis Mordish (1908-1996) Turkish Delight par Hervé Désarbre
Le loukoum, confiserie d'origine turque ottomane, est un petit cube à la consistance à la fois moelleuse et élastique, due à un gel d'amidon de fécule de maïs ou de pomme de terre ou autre, enrichi en sucre et en miel, aromatisé le plus souvent à l'eau de rose. Le loukoum est saupoudré d’un mélange de sucre glace et d'amidon, ce qui permet de le rendre moins collant lors de sa manipulation ! En 1872, un anglais voyageant en Turquie, envoie dans son pays plusieurs boîtes de loukoums qu'il nomme Turkish Delight, nom qui restera chez les anglo-saxons. L’auteur de cette sucrerie musicale, Louis Mordish, était pianiste, notamment dans le Big Band de la Royal Air Force, organiste de cinéma, et animateur durant de longues années des émissions « Musique du Matin » et « Musique au travail », à la B.B.C. Il composa des chansons, de nombreuses pages orchestrales et instrumentales, et fut surnommé le Gershwin anglais.

La rue de Saint-Pétersbourg Dimitri Chostakovitch (1906-1975) Valse & Polka, pour orgue à 4 mains extraites de l'Âge d'Or par Julien Bret & Hervé Désarbre
L'on connaît les grandes et épiques symphonies de Chostakovitch, sa musique de chambre, ses opéras, qui ont inscrit ce nom au Panthéon de la musique. Mais Chostakovitch, esprit curieux et ouvert à toutes les formes d'expression musicale, écrivit de nombreuses musiques pour la scène, pour le ballet, le cinéma ou encore le jazz. La Valse et la Polka, pour quatre mains, extraites du ballet l'Age d'Or, sont révélatrices du talent de mélodiste du maître russe, de sa virtuosité d'écriture, de son aisance dans tous les styles, mais elles montrent également que, derrière l'humour ou une apparente légèreté, peut se dissimuler l'ironie.

La rue de Rome Domenico Cimoso (1780-1850) Tema con variazioni par Julien Bret
Domenico Cimoso est l’incarnation parfaite de l’organiste italien du XIXème siècle. De solides études musicales, des charges successives dans de grandes et belles cathédrales, un caractère parfois exubérant, une parfaite connaissance de la facture d’orgue qui l’amenait à intervenir comme expert auprès des grandes maisons de l’époque (même s’il critiquait certaines spécialités des facteurs italiens, comme les campanelles, les clochettes dont étaient pourvus certains claviers), une réputation de virtuose des claviers qui lui ouvrit les portes d’une certaine célébrité en Vénétie. Il fut le père d’un musicien qui n’allait pas tarder à devenir également connu, sous le prénom de Guido.

La rue de Téhéran Roy Spaulding-Stouhton (1884-1953) Saki extrait de la Persian Suite par Hervé Désarbre
On parle des orientalistes pour les peintres, Stoughton pourrait aussi revendiquer ce qualificatif, avec sa Suite égyptienne, ses Contes des 1001 nuits et sa Suite Perse. C’est de cette dernière qu’est extraite la pièce Saki. Saki est le nom de celle qui porte et remplit la coupe de vin, en dansant, dans les poèmes, les roubaïates, d’Omar Khayyam, ce grand poète qui est l’un de ceux, il y a 900 ans, qui ont le mieux chanté le vin !

La rue de Vienne Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Adagio en ut majeur par Julien Bret
La plupart des pièces pour orgue de Mozart furent écrites pour un “mécanisme d’orgue dans une pendule” ou pour un “petit orgue avec rouage d’horloge”. Mozart était toutefois un excellent organiste, ayant joué les célèbres instruments, à l’époque, de Versailles, Strasbourg, Haarlem ou Bologne. Sa parfaite maîtrise de l’orgue, son génie de l’écriture l’ont donc amené à transcender l’obstacle de ces mécaniques aux “petits tuyaux tous aigus et trop enfantins”, comme il le disait lui-même. Comme ce joli adagio en ut majeur.

Paris Julien Bret (né en 1974) sonate parisienne, pour orgue à 4 mains par Julien Bret & Hervé Désarbre
C’est pour Olivier Vernet et Cédric Meckler que Julien Bret a écrit la sonate parisienne qui clôt ce concert, une pièce qui est donc à l’origine pour 4 mains. Mettant ses pas dans ceux de Poulenc et de Françaix, Julien Bret nous offre une musique colorée, dynamique, tantôt gouailleuse, tantôt nostalgique, qui lui a valu de franchir allègrement les frontières de notre pays. Ses œuvres sont désormais jouées, et enregistrées, sur les cinq continents.

Informations pratiques
  • Eglise Saint-André de l’Europe
  • 24bis, rue de Saint-Pétersbourg 75008 Paris
  • Entrée libre
  • Samedi 28 janvier 2017 à 20h