Ni morte, ni vivante

Par Emilie Voisin

C’est inscrit jusque dans son nom : Armida Miserere (interprétée par Valeria Golino avec sobriété et beaucoup de retenue dans les émotions) a vécu une vie d’angoisses et de sacrifices. L’a t-elle vraiment vécue d’ailleurs, elle qui se déclare être « ni morte, ni vivante » ?
Marco Simon Puccioni s’est inspiré de l’histoire vraie de cette femme, une des premières à être directrice de prison en Italie, pour décrire son parcours humain et intime mais aussi des thématiques sociales et politiques.
Le réalisateur dresse le portrait d’une femme forte et fragile à la fois en lutte pour une justice plus juste et tout un pays, l’Italie qui tente de combattre la Mafia et les dérives qui y sont liées. La mise en scène qui suit plus ou moins la chronologie des nombreuses missions d’Armida dans les prisons est cependant rythmée par de subtils flash-backs qui mêlent différents épisodes de sa vie (prenez garde aux premières scènes !).
On découvre à travers le quotidien d’Armida, entièrement régi par les impératifs de la prison, un monde fait de tensions, d’abus, de menaces, d’omerta et de mort.
Son compagnon Umberto Mormile, éducateur dévoué et enthousiaste qui croit en la rééducation, est froidement assassiné pour une sombre histoire de vengeance et de règlements de compte (la justice ne sera d’ailleurs rendue que bien des années plus tard).
À partir de ce moment-là, Armida, incarnation de la douleur, privée de tout espoir et d’un futur avec l’homme qu’elle aimait et avec qui elle voulait fonder une famille (un petit havre de paix dans ce monde qui l’agresse), se réfugie dans le travail, multiplie les postes dans les prisons les plus difficiles d’Italie.
Son dévouement à la cause devient sa croix, sa propre « via crucis » mais cela ne suffira pas à lui faire oublier son chagrin d’amour. Après sa vie, c’est aussi son âme, son corps qu’elle sacrifiera à ceux qui ont brisé ses rêves...