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Publié le vendredi, 24 juillet 2009 à 09h06

Hypocrisie à l’italienne

Par Stefano Palombari

Carlotta films sort le 29 juillet 2009, en copie restaurée, l'un des chefs d'œuvres du réalisateur de Divorce à l'italienne. Signore e signori (Ces Messieurs dames) est un film injustement oublié, un film qui valut à son scénariste, Luciano Vincenzoni, une sorte de longue interdiction de séjour dans la ville de Trévise, en Vénétie, vraie protagoniste du long-métrage. Les vertus publiques et les vices privés de la petite bourgeoisie Trévisane donnent lieu à une comédie extrêmement drôle.

Un docteur, un promoteur immobilier, un pharmacien, un commerçant de chaussures… sont les protagonistes de libertinages, plus ou moins cachés mais jamais admis. Seulement un modeste employé de la banque catholique décide de quitter sa femme et d’aller vivre avec une jeune fille charmante et affectueuse, ce qui provoque un vrai scandale. La soeur de sa femme est très proche de l’église, ce qui semble bien lui rapporter. Elle fait de son possible pour étouffer le scandale et couper l’herbe sous les pieds de son beau-frère, qui perd son travail, son logement et, comme il tient bon, il est carrément arrêté par les Carabiniers pour adultère.

Mais le plus drôle est Toni Gasparini qui feint d’être impuissant pour arriver à séduire la femme, mignonne et ingénue, de son ami médecin. Il confie ses soucis à ce dernier, en sachant que celui-ci ne pourra pas tenir sa langue. Son « impuissance » devient le secret de Polichinelle des soirées mondaines de Trévise. C’est pour cela que le médecin tombe dans le panneau en lui demandant en toute confiance, en se moquant même à voix haute de lui, de raccompagner sa femme à la maison. Puis il comprend mais c’est trop tard. Pour sauver l’honneur il faut… « se taire pour que personne ne le sache ».

Les Trévisans deviennent donc le symbole de cette Italie bigote et hypocrite qui pour sauver la morale en public permet qu’on la bafoue en privé. L’église, loin de condamner publiquement ce genre d’attitude, l’encourage subrepticement. C’étaient les années des lois sur le divorce et l’avortement avec l’église et une partie de la population qui préféraient des solutions privées, souvent dangereuses. Un film qui n’a rien perdu de son éclat original.

Ces Messieurs dames - Affiche critique du film Ces Messieurs dames