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Publié le mercredi, 25 février 2009 à 13h44

Gênes 01 de Fausto Paravidino par Victor Gauthier Martin

Par Stefano Palombari

Gênes 01 est le récit de la violente répression policière qui s’est abattue sur les manifestants alter mondialistes lors du sommet du G8 à Gênes, en juillet 2001. Le texte est un rapport fidèle des événements. Il nous plonge dans une enquête avec un mort (Carlo Giuliani, 23 ans), des centaines de blessés et des responsables. Une bande citoyenne de résistants, figures proches des acteurs dans l’envie de s’engager, mène cette enquête, cherche à comprendre, fouille l’histoire. La parole est ici prise depuis un irrésistible désir de transmettre. Pour savoir, pour mémoire. Ni conférence, ni manifeste, ni procès, mais une volonté de penser l’histoire, la panser ensemble. J’imagine pour Gênes 01 un chœur citoyen qui ne craint ni les questions douloureuses, ni le chaos sans réponse qui leur fait suite. Texte de Victor Gauthier Martin à propos de la pièce de Fausto Paravidino.

Gênes a été un laboratoire. Comme dans tous ces lieux où se décante un affrontement politique crucial, Gênes a été le tube à essai de nouvelles formes d’offensives contre les expressions politiques irréductibles (ou radicales). Le 17 et le 18 juillet, la ville a été évacuée. Une campagne de terreur étudiée obligea ses habitants à abandonner leurs habitations, à fuir la prétendue barbarie altermondialiste qui guettait. Gênes a été vidée et resta déserte grâce à un authentique état de siège mis en scène avec plus de 25 000 policiers et militaires aidés du « mur » autour du centre historique devenu « zone rouge», zone murée pour la célébration du sommet et interdite d’accès. Le Genova Social Forum, entité collective chargée de coordonner la mobilisation contre le G8, a assumé le premier objectif de briser l’état de siège, rendre aux citoyens le droit de manifester dans la rue, et de revendiquer face aux puissants le refus et le mécontentement de leur diktat politique.

Les mobilisations préparées pour les 19, 20 et 21 juillet 2001 ont été précisément orientées contre la force des armes qui impose l’état de siège à la ville. Le cri « Gênes libre ! » a été répété sans cesse dans chacun des rassemblements. Malgré tout à partir du jeudi 19 juillet, jour de la manifestation des « multitudes » contre l’exclusion sociale et pour les droits des immigrés avec ou sans papiers, il s’est vérifié que le siège de Gênes n’était que l’antichambre de l’état d’exception. Les plus sombres prémonitions exprimées les jours antérieurs par différentes voix commencèrent à se vérifier dans la réalité.

Le vendredi 20 juillet, de nombreuses actions étaient préparées par différents groupes et associations. L’idée d’entrer dans la « zone rouge » n’était pas celle d’une prise de force, sinon plutôt de rendre visible une opposition. Les différentes colonnes de manifestants ont essayé de s’approcher de la « zone rouge » pour démontrer que la ville ne pouvait pas être confisquée!Toutes sans exception, depuis les groupes catholiques et pacifistes jusqu’aux « désobéissants » qui pratiquent l’action directe non-violente ont été attaqués, gazés et dans certains cas ont essuyé des coups de feu par les forces de sécurité de l’État bien avant d’arriver aux abords de la cité interdite.

C’est alors que s’est déchaînée la catastrophe préméditée. Dans les rues de la ville convergeaient deux colonnes de « désobéissants » composées fondamentalement par les «Tute Bianche» et autres centres sociaux autogérés italiens, qui pratiquent la désobéissance civile en bloquant les charges de la police avec des boucliers et des dispositifs non offensifs, et par les groupes du dénommé «Black Block» qui réunit des jeunes de différentes origines et orientations.
Nous savons aujourd’hui qu’un escadron de police a sciemment brisé le cortège de la rue Tolemaide, désobéissant aux ordres « officiels », provoquant une panique et des exactions sans nom. Dans la confusion des charges de la police et dans les heurts qui en découlèrent ont eu lieu plusieurs coups de feu. Deux d’entre eux ont pris la vie d’un jeune romain de 23 ans résidant à Gênes, Carlo Giuliani.
Université Nomade, extrait de Considérations post-génoises, publié par samizdat & complices, in Gênes, Multitudes en marche contre l’Empire.

Autour du spectacle

  • Lundi 2 mars à 20h à la librairie Equipages, 61 rue de Bagnolet Paris 20ème. Altermondialisation & Médias : rencontre avec le metteur en scène et ses invités.
  • Jeudi 12 mars à 14h30, répétition ouverte au public. Pour y assister, contactez Marie Guéret au 01 48 14 22 31 / m.gueret@leforumbm.fr ou Sylvestre Gozlan au 01 48 14 22 03 / s.gozlan@leforumbm.fr.
  • Jeudi 12 mars à l'issue du spectacle, rencontre avec Laurent Bonelli (Maître de conférences en sciences politiques (université Paris 10 Nanterre) et collaborateur permanent du Monde diplomatique.) et l'équipe de Vu d'ici sur le thème "traitement des médias et répression policière".
  • Vendredi 13 mars à l'issue du spectacle, rencontre avec Philippe Tancelin, poète philosophe, responsable du département théâtre de l'université Paris 8, autour du thème "théâtre et politique";
  • Samedi 14 mars à 17h30, rencontre avec Victor Gauthier-Martin et Annie Pourre, membre fondateur du réseau No-vox, autour du thème "démocraties en crise".
Informations pratiques
Le Forum de Blanc-Mesnil    plan d'accès
1-5, place de la Libération - 93150 Blanc-Mesnil Tél. 01 48 14 22 00
Dates : du 12 au 14 mars 2009, jeudi 12 à 19h, vendredi 13 et samedi 14* à 20h30
*navette aller-retour le 14 mars à 19h30, au départ de la place de la Nation (Paris 12è), face au n°2 de l'avenue du Trône, brasserie Le Dalou. réservation indispensable au 01 48 14 22 00.

tarif préférentiel pour nos internautes 7 € au lieu de 16 €
pour obtenir la réduction, réservez au 01 48 14 22 00 en citant l'Italie à Paris et Présentez à la caisse ce justificatif imprimé

Gênes 01, de Fausto Paravidino
Le Forum de Blanc-Mesnil, du 12 au 14 mars 2009 tarif préférentiel