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Publié le samedi, 21 février 2009 à 12h20

Films italiens au festival Cinéma du Réel

Par Stefano Palombari

Depuis sa création il y a 30 ans, Cinéma du Réel s'est imposé comme le festival de référence du cinéma documentaire en France. A l'écoute de la diversité des écritures, des formes et des idées, le festival propose aux publics et professionnels des films d'auteurs confirmés ou de nouveaux talents, l'histoire du cinéma documentaire comme les propositions contemporaines. Au sein de sa compétition internationale de 37 films documentaires inédits en provenance de plus de 20 pays différents et sa sélection de 18 nouvelles ?uvres de production française, cette 31e édition propose un film italien : Preparativi di fuga / Preparative to escape de Tommaso Cotronei (Projections en avant-première Samedi 7 Mars à 20h30 (Petite Salle), Vendredi 13 Mars à 14h45 (Cinéma 1) – Séance suivie d’une rencontre avec le réalisateur).

Voici ce que dit Yann Lardeau à propos de Preparativi di Fuga. Des clochettes au loin, la fanfare d'une procession religieuse, la télévision ou la radio, le son dans Preparativi di fuga génère des lignes de fuite, des pôles d'évasion que l'image s'empresse de démentir soit par sa composition soit par son montage et sa récurrence. Si la fuite est un hors champ insaisissable, la clôture est le thème majeur de ce film sans paroles tourné à Vibo Valentia, en Calabre, dominé par le noir et blanc et fortement marqué par Buñuel et De Seta.

Le noir et blanc ne donne pas seulement une atemporalité au film, il n'en suspend pas seulement le temps, il cerne mieux les contours et les volumes, il ordonne géométriquement l'espace. Un champ filmé en noir et blanc n'est plus un horizon mais un carré au gris plus ou moins dense qui retient prisonnier le bétail. Les fenêtres, les portes dessinent d'autres murs, blancs ou noirs, derrière les murs. Les routes ne mènent nulle part : elles vont du même au même d'un point à un autre point identique. Les écarts de vitesse, les ruptures de rythme créent des mondes qui n'interfèrent jamais. Les gros plans enferment les visages dans la solitude des regards. Chacun est prisonnier de son monde et n'en peut sortir, pas plus le scarabée qu'une main cueille dans sa course que le paysan retenu par sa terre et son bétail et condamné à toujours rester au bord de la route, pas plus l'automobiliste incapable de descendre de sa voiture que la chienne qui aimerait se faire chat mais que les chats s'empressent de rejeter.

Ces sections compétitives complètent une programmation de films documentaires riche de nombreuses rétrospectives, d'hommages, de séances spéciales, de rencontres avec les cinéastes. Là aussi, l'Italie sera présente, notamment dans les sections « Mille lieux » et « La mémoire du réel ». Voici le programme des films italiens.

Dans la section « Mille lieux » : Repérages. Pier Paolo Pasolini, le samedi 7 mars à 21h (Cinéma 2) et le jeudi 12 mars à 20h45 (au cinéma MK2 Beaubourg). Il est composé de deux parties, Il Padre selvaggio (8’ Italie, 1965). Un bout à bout d’essais pour un film que Pasolini ne termina jamais, tournés dans un camps de gitans de la banlieue de Rome. Et Sopraluoghi in Palestina per il film : Il Vangelo secondo Matteo (Repérages en Palestine pour l’Évangile selon Saint Matthieu, 54’ Italie, Arco Film, 1963). Réflexions, surprises et déceptions ; parti sur les traces du Christ, Pasolini cherche dans les lieux revisités et dans leurs habitants la confirmation du fait historique. Pasolini au travail, préparant l’écriture de L’Évangile selon Saint-Matthieu.
Le mouvement de l’exil #1, le mercredi 11 mars à 14h45 (au cinéma MK2 Beaubourg) et le mardi 17 mars à 20h (au au cinéma MK2 Beaubourg), Tempo di viaggio / Voyage in Time, Andrei Tarkovski, Tonino Guerra (62’ Italie, Rai Due, 1983). En repérage pour le film Nostalghia, le scénariste Tonino Guerra conduit Andreï Tarkovski parmi les beautés traditionnelles de l’Italie. Le cinéaste russe peine à retrouver le pays qu’il a imaginé à la lecture du scénario de Guerra.

Dans la section « la Mémoire du Réel » : Dinamite / Dynamite de Daniele Segre (54’ Italie, 1994). En 1994, à Nuraxi Figus en Sardaigne, un mois avec les mineurs de la CarboSulcis en grève, par quatre cents mètres de fond, à la seule lumière des lampes frontales des casques, avec la menace de la dynamite.



Dans la section « la Télévision à l’avant-poste » : Introitus de Jose-Maria Berzosa (47’ France, Ina, ORTF, 1984). Dans le décor du Vatican nous faisons connaissance avec la Congrégation pour la Cause des Saints dirigée par Son Éminence le Cardinal Pietro Palazzini. Un de ses collaborateurs nous fait une petite synthèse statistique de la sainteté.

Informations pratiques
Centre Pompidou et MK2 Beaubourg
Place Georges Pompidou 75004 Paris (M° Rambuteau)
Dates : du 5 au 17 mars 2009
festival Cinéma du Réel
Centre Pompidou, du 5 au 17 mars 2009