Vespetta e Pimpinone, opéra de Tomaso Giovanni Albinoni
Direction musicale Jean Maillet
Mise en scène Guy Pierre Couleau
Avec
Isabelle Poulenard (soprano)
François Harismendy (basse)
Carolina Pecheny (comédienne)
Et lensemble Mensa Sonora
Jean Maillet, Gabriel Grosbard, violons
Isabelle Langlet-Marillot, alto
Sylvette Gaillard, violoncelle
Céline Joly, clavecin
Diego Salamanca, théorbe
Durée : 1h15
À partir de 10 ans
Gardes
d’enfants gratuites sur réservation le dimanche au
Théâtre
Mardi, mercredi, vendredi, samedi - 20h30
Jeudi - 19h30 / Dimanche - 17h
* Tarif préférentiel pour nos internautes 14 €
(Ces réductions sont valables dans la limite des places disponibles. Pour en bénéficier, merci de réserver
en citant l'Italie à Paris au 01 44 95 98 21 et
présenter à la caisse ce
justificatif> imprimé. Il est valable pour deux personnes)
Un trésor musical du XVIIIe siècle ausculte les tribulations d’un couple haut en couleur «.
Vespetta e Pimpinone s’apparente à ce que j’appellerais un opéra de tréteaux, inspiré de la commedia dell’arte. Et c’est cette énergie de jeu, ce registre qui mêle burlesque et tragique, ce mélange de genres qui n’appartient qu’au "baroque" - ou que le "baroque" invente - qui m’attirent dans cette œuvre.
Cette histoire d’une servante devenue maîtresse, qui se rebelle devant la violence de son mari, cette femme libre dans le mariage, est bien notre contemporaine. Elle n’appartient pas à une époque en particulier et son discours, bien qu’écrit il y a trois cents ans, pourrait être prononcé aujourd’hui. Vespetta e Pimpinone est de tout temps parce qu’il s’agit avant tout d’une histoire d’amour. Drôle et pathétique. »
Guy Pierre Couleau
Thème de prédilection pour de nombreux écrivains, les amours ancillaires ont aussi beaucoup inspiré les compositeurs. Dans la production lyrique du dix-huitième siècle italien, on ne compte plus les serva innamorata (Guglielmi, 1790 -Cimarosa, 1794), cameriera spiritosa (Galuppi, 1766), serva padrona (Pergolesi, 1733 - Guglielmi, 1780 - Paisiello, 1781), etc. Cette éternelle histoire de la servante rusée qui réussit à se faire épouser par son vieux barbon de maître pour lui soutirer une dot rondelette et mener, sans lui, une vie de plaisirs, a engendré des musiques populaires à la fois amusantes, allègres et imaginatives, exploitant à merveille les effets burlesques du livret.
A l’origine : une oeuvre de Tomaso Albinoni, Vespetta et Pimpinone ou la serva astuta , composé pour servir d’intermèdes à Astarto , opera seria créé à Venise en 1708. Vespetta e Pimpinone appartient donc au genre des intermezzi comici musicali dont le succès fut tel qu’ils furent souvent interprétés de façon autonome, rivalisant ainsi avec l’opera buffa. Le livret de Pariati et la musique d’Albinoni inspirèrent à Telemann son Pimpinone (Hambourg, 1725) ainsi qu’à Pergolesi sa célébrissime serva padrona (« La Servante maîtresse », Naples, 1733) qui devait, vingt ans plus tard, déclencher à Paris la fameuse « Querelle des Bouffons » opposant les partisans de la musique italienne à ceux de la musique française.
Jean Maillet
Vespetta e Pimpinone

© Pascal Couillaud
Vespetta E Pimpinone de Tomaso Giovanni Albinoni (1671-1751) occupe une place particulière dans l’histoire de l’opéra-comique. En tant qu’oeuvre musicale, elle ne fait pas partie des oeuvres les plus importantes du compositeur (entre 1694 et 1741, Albinoni a écrit plus de 50 opéras !), mais dans la période initiale du développement de ce genre, cette pièce a figuré de manière permanente sur les scènes italiennes, exerçant ainsi un effet non seulement sur les compositeurs contemporains, mais également sur le développement du genre d’opéra.Vespetta E Pimpinone est un intermezzo comique. Ce genre est né au début du XVIIIe siècle de l’influence réciproque de deux traditions indépendantes de l’opéra – l’intermède et la scène comique -, dont les racines remontent au siècle précédent. L’idée d’insérer entre les actes ou les mouvements d’une oeuvre donnée une autre pièce en contraste d’une manière ou d’une autre avec la précédente et consistant également en plusieurs parties, était une pratique généralisée à l’époque baroque – non seulement dans la musique vocale, mais aussi dans les genres instrumentaux.
Toutefois, dans les opéras du XVIIe siècle, ces intermèdes entre les actes – certes au caractère nettement plus léger – n’étaient pas nécessairement comiques, étant donné que les opéras de l’époque comportaient eux-mêmes des personnages comiques ainsi que des scènes comiques organisées autour d’eux. Le changement au début du XVIIIe siècle était dû à la réforme du livret par Apostolo Zeno (1668 – 1750 ) qui s’était donné pour but de purifier l’opéra seria (c’est-à-dire l’opéra sérieux) de tous les éléments comiques déplacés. Cependant le public et les chanteurs spécialisés dans ce genre ont continué à les exiger et le compromis a été à la naissance de l’intermezzo comique interprété, conformément aux traditions, pendant les entractes de l’opéra seria.
La pièce d’Albinoni a très rapidement éveillé l’intérêt de la postérité. On peut dire que la cause en est tout à fait banale : en effet, c’est le seul intermezzo de l’époque précoce du genre dont nous puissions identifier et le compositeur et le librettiste. Si nous savons que l’auteur du libretto de Vespetta E Pimpinone est Pietro Pariati (1665 – 1733), c’est que le libretto imprimé de la présentation à Vienne en 1717 a été conservé et mentionne son nom. La pièce accompagnait alors le drame de Pariati intitulé Sesostri , dont la musique avait été composée par Francesco Conti (1681 – 1732). On ne retrouve le nom d’Albinoni ni sur le livret publié pour la première de Venise en 1708, ni sur les copies de partitions subsistantes. Par contre Vespetta E Pimpinone a été présenté pour la première fois en 1708 ensemble avec l’opéra d’Albinoni intitulé L’Astarto et du point de vue du style, les deux pièces sont si concordantes qu’elles proviennent certainement du même auteur.
L’action de Vespetta E Pimpinone est simple et très caractéristique du genre de l’intermezzo. Ses deux personnages tirent leur origine de la tradition de la commedia dell’arte : l’un d’eux est la servante turbulente qui veut à tout prix trouver un mari aisé, et l’autre le vieillard riche, mais crédule, proie facile de ses ruses.
Dans l’intermezzo I, la jolie Vespetta, ( le nom signifie en italien « petite guêpe »), persuade avec beaucoup de flatteries le riche Pimpinone de l’engager comme gouvernante.
Dans la partie II, maintenant que Vespetta s’est rendue indispensable dans le ménage, nous sommes témoins d’une nouvelle ruse : la fille essaye de décider l’homme à contracter un mariage en faisant du chantage : elle le menace de quitter son service en disant que les gens diront du mal d’elle si, non mariée, elle est au service d’un homme célibataire. Finalement Pimpinone se résigne, mais pose condition qu’après le mariage, Vespetta doive vivre une très honnête vie, elle ne pourra pas aller à des parties de plaisir et devra renoncer à tout divertissement.
Dans l’intermezzo III, Vespetta apparaît déjà comme épouse, devenue malgré ses promesses une vraie dame du monde, et bien que Pimpinone la menace de coups, elle obtient la liberté. La pièce se termine par l’échec total de Pimpinone : pour sauvegarder le calme, le mari permet tout à son épouse astucieuse.
Conformément à la pratique de l’époque concernant l’intermezzo, les trois intermezzos de Vespetta E Pimpinone se composent de récitatifs et d’arias. L’action est portée par les récitatifs dits secco, accompagnés uniquement par le clavecin et à la viole de gambe, tandis que, dans les arias, les chanteurs réagissent à certaines actions de l’histoire. La particularité principale des arias d’Albinoni (caractère et le rythme dansants) laisse présager le style des morceaux fermés des opéras-comiques florissant un demi-siècle plus tard. À la fin des intermezzos se trouve toujours un duo final de caractère similaire.
Tomaso Albinoni appartient aux compositeurs qui ont obtenu beaucoup plus de succès à leur propre époque qu’après leur décès. Rien n’est plus caractéristique de son estime dans le passé que J.S. Bach lui-même utilisant certaines de ses pièces pour en faire différentes transcriptions, et pour instruire ses fils. Il serait dommage de l’oublier.
Katalin Tamàs
Jean MAILLET et MENSA SONORA
Titulaire d’une maîtrise universitaire pour l’enseignement de l’anglais, Jean MAILLET se passionne depuis toujours pour la musique ancienne interprétée sur instruments d’époque. Il aborde alors les répertoires du Moyen-Age et de la Renaissance sur la vièle d’archet et le rebec au sein de l’ensemble Praetorius . Il est, à la même époque, premier violon de l’ ensemble baroque de Poitiers que dirige le claveciniste-organiste Dominique FERRAN. Il suit alors des cours d’interprétation auprès de Lucy Van DAEL, Janine RUBINLICHT, Monica HUGGET. De 1983 à 1986, il participe aux productions de l’ensemble instrumental de La Chapelle Royale (dir. Philippe HERREWEGHE) et de celui des Arts Florissants (dir. William CHRISTIE). Il est parallèlement engagé par Jean-Claude MALGOIRE à La Grande Écurie et la Chambre du Roy , ensemble dont il sera violoniste permanent pendant dix-sept ans.
Cette collaboration lui a permis de participer à la plupart des productions d’opéras créés par l’Atelier Lyrique de Tourcoing et diffusés dans de nombreuses maisons d’opéras : Théatre des Champs Elysées, Opéra de Versailles, Opéra de Rennes, Opéra de Montpellier, Opéra de Boulogne sur Mer, Opéra de Lille, Maison de la culture de Saint Quentin en Yvelines etc.
Également sollicité par Daniel CUILLER et l’ensemble Stradivaria , il devient premier violon solo de l’Ensemble Baroque de Limoges (dir. Jean-Michel HASLER) de 1986 à 1989. Avec ces divers ensembles, Jean MAILLET a enregistré une cinquantaine de disques (pour CBS, Harmonia Mundi, Erato-Musifrance, Astrée-Auvidis, Lyrinx, K 617) et a participé à de nombreux concerts sur les plus grandes scènes musicales du monde (Italie, Allemagne, Angleterre, Belgique, Pays- Bas, Luxembourg, Suisse, Espagne, Portugal, Liban, Brésil, Pérou) et dans les plus grands festivals internationaux.
En 1989, il obtient le Diplôme d’État pour
l’enseignement de la musique ancienne et, après
avoir mené de front sa carrière d’angliciste
et son activité de violoniste pendant sept ans,
décide d’être détaché de
l’Éducation Nationale pour se consacrer
exclusivement à la musique baroque. Il devient alors
responsable pédagogique du département de musique
ancienne de l’École Nationale de Musique et de Danse
de Niort où il enseigne le violon baroque, la musique de
chambre, crée une classe d’orchestre baroque et
anime plusieurs cycles de conférences sur la musique
baroque.
Cette même année 1989, il fonde à Niort
l’ensemble MENSA SONORA qu’il dirige en tant que
premier violon solo. Empruntant son nom à un recueil de
suites de BIBER, Mensa Sonora compte une douzaine
d’instrumentistes permanents. L’ensemble fait
également appel à d’autres solistes
spécialisés (instrumentistes et chanteurs en
fonction des effectifs exigés et des répertoires
choisis).
Les concerts de Mensa Sonora se multiplient et en 1994-1995, Jean MAILLET et Mensa Sonora sont sollicités par l’A.R.C.A.L. pour une production de l’opéra de Haendel, Acis and Galatea, qui sera joué plus de 30 fois dans les théâtres et sur les scènes nationales de la France entière. Mis en scène par Philippe Berling, Jean Maillet en assurant la direction musicale, cet opéra mythique rencontrera un vif succès tant auprès des mélomanes (Amiens, Nantes, Rennes, Valence, La Rochelle, Niort, Fontainebleau, Cherbourg, Evreux etc.) que des critiques spécialisés (Le Monde, Libération, Le Figaro, L’Express, Télérama, Le Monde de la Musique, Opéra International etc).
Un passionnant travail de recherches est conjointement mené sur des compositeurs baroques injustement oubliés. Seront alors redécouverts ou réactualisés par Mensa Sonora des musiciens comme Johann Christoph GRAUPNER (en collaboration avec Jean-Claude VEILHAN), Maurizio CAZZATI et Adam JARZEBSKI ainsi que des oeuvres méconnues de compositeurs majeurs comme l’Opus 1 d’Antonio VIVALDI. Ces musiques seront enregistrées en première mondiale par les éditions ARION-Pierre VERANY (10 C.D.publiés à ce jour).
Autour du spectacle
Rencontre à la Bibliothèque d’Antony
Mettre en scène un opéra baroque aujourd’huipar Guy Pierre Couleau, metteur en scÈne
Samedi 10 février à 16h30
Entrée libre sur réservation au 01 42 37 31 19Présentation de Tomaso Giovanni Albinoni (1671-1751), amateur vénitien et célébrissime inconnu par Jean Maillet, Directeur musical
Rencontre au Théâtre Firmin Gémier
avec l’équipe artistique, en présence de Guy Pierre CouleauJeudi 8 mars à l’issue de la représentation