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Mal de pierres - Milena Agus

Les Amants de la lune

" Et si nous embrassions nos sourires ? " proposa grand-mère, alors ils échangèrent un baiser liquide, interminable, et le Rescapé lui dit ensuite que cette même idée, des sourires qui s'embrassent, était venue à Dante au chant cinq de l'Enfer pour Paolo et Francesca, qui s'aimaient et qui n'auraient pas dû. "

Une jeune femme sarde en âge de se marier nous conte la vie de sa grand-mère, satellite d'un récit autour de laquelle gravitent le grand-père, le père, la mère, les tantes et enfin le Rescapé, seule personne échappant aux rets familiaux, un homme qui a perdu une jambe, d'où son surnom. Figure en creux et idéale, il va vivre une très belle histoire d'amour avec la grand-mère qui nous fait rêver et qui, comme parfois au sortir des rêves, nous laisse troublés et peut-être aussi un peu inquiets d'avoir vécu quelque chose qui n'a pas été, inquiets et ravis à la fois d'avoir ressenti avec la même acuité des émotions imaginaires et des émotions réelles amenées par des images d'une grande richesse qui englobent le monde et le temps d'une seule tournure, " et les nuits d'été à Gênes avaient tant de lucioles que c'était le souvenir qu'il gardait de sa mère ".

Le style du roman est allègre, le rythme des phrases ample et la sensualité de la langue rendue merveilleusement par la traduction. L'expérience littéraire qu'il nous est offert de partager nous emmène sur les chemins d'une filiation brodés avec des points délicats et libres qui tissent des liens d'une génération à l'autre, comme un trousseau qu'une jeune femme confectionnerait avec amour avant de se marier.

Magali Cerda


Le Mot de l'éditeur

Entourée de jeunes hommes qui pourraient demander sa main, l’héroïne tarde pourtant à trouver un mari car elle rêve de l’amour idéal. À trente ans, elle est déjà considérée une vieille fille par les siens, dans une Sardaigne qui connaît les affres de la Seconde Guerre mondiale… Et lorsqu’elle conclut une union très attendue, c’est en affirmant haut et fort que ce n’est pas par amour mais par raison. Comme son unique enfant, l’amour se fera attendre. Elle finira par le rencontrer sur le Continent, lors d’une cure thermale destinée à guérir son « mal de pierres », des calculs rénaux, mais qui aura raison aussi de son « mal d’amour ». À sa petite-fille, elle racontera quelques décennies plus tard ses émotions, ses cheminements, tout en laissant des zones d’ombres. La vérité ne se recomposera que longtemps plus tard, de façon inattendue, lorsque la dernière pièce du puzzle se retrouvera entre les mains de la narratrice. Mais quelle est au juste la vérité ?

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