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Je suis en bois, roman de Giulia Carcasi

Je suis en bois est une sorte de labyrinthe où on se perd souvent mais les égarements nous permettent de découvrir plein de petites merveilles cachées. L'auteur, une jeune étudiante en médecine à l'étonnante capacité de manier le stylo, est toujours là pour nous donner le précieux fil qui nous permettra de trouver la sortie.

C'est le récit d'une femme, Giulia (tiens, le même prénom que l'auteur), de son enfance jusqu'à la naissance de sa fille Mia. Mais c'est aussi le récit de cette dernière à dix-huit ans, de ses problèmes avec ses parents, avec les garçons, de son idée de la vie. Les deux récits s'entrecoupent et souvent se confondent. Giulia lit le journal intime de sa fille, en cachette bien évidemment, consciente de violer l'intimité de sa fille avec qui elle n'arrive pas à avoir de dialogue.

On se rend vite compte que les deux femmes ne diffèrent pas beaucoup. Les moeurs ont changé mais les attentes et les déceptions sont les mêmes. Giulia cherchait l'amour parfait. Le cherchait par exclusion, exclusion de tout ce qui pouvait ressembler à son père, car elle ne voulait pas être comme sa mère, triste et résignée. Elle ne voulait pas passer une existence entière à l'ombre d'un mari, une sorte d'appendice de son homme.

Gabriele, il lui plaisait bien. Il était gentil, affectueux, attentionné... Un jour elle l'a surpris au lit avec Flavia, sa soeur aînée, qui n'a rien trouvé de mieux que de lui dire qu'elle l'avait fait « pour son bien », pour lui montrer que c'était un salaud. Combien de fois sa soeur a justifié son attitude égoïste en prétextant « son bien ».

Le style du livre est extrêmement original. Le texte est parsemé d'images très poétiques et " parlantes " qui montrent une recherche stylistique très soignée. Chaque mot est pesé, ce qui donne un résultat tout à fait convaincant et très facile à lire. On peut tout à fait se contenter de le lire comme une histoire touchante et bien écrite sur le désarroi de deux femmes de deux générations différentes. Mais au deuxième degré le livre se transforme en une réflexion profonde et lucide sur le rapport entre générations et en particulier avec les parents.


Stefano Palombari