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Luna Rossa

Luna Rossa

Luna Rossa est un groupe de chansons napolitaines, fruit de la rencontre entre une chanteuse italienne, un guitariste napolitain et un mandoliniste français. Les différents parcours des musiciens (jazz, chansons, musique du monde) se rejoignent autour d'une passion commune pour les mélodies de la tradition napolitaine. En élargissant le lyrisme traditionnel à des horizons aussi variés que le jazz ou le tango argentin, ce trio en propose une relecture envoutante et inhabituelle.
Vous pourrez les découvrir très prochainement en concert ou sur myspace: www.myspace.com/lunarossamusic

Avec
Sara Longo : Voix
Enzo Maggi : Guitare
Raphael Dumas : mandoline, accordéon

Interview

Comment est née cette aventure avec le Groupe Luna Rossa ?

Raphael Dumas : étant mandoliniste mais sans être spécialiste du répertoire italien. Un beau jour un restaurant italien m'appelle pour animer une fête du restaurant avec un répertoire italien et une offre très intéressante que j'ai fini à regret par décliner, mes recherches n'ayant abouti pour trouver un répertoire de musique italienne. C'est en jouant la mandoline avec un autre groupe que dans le public, un italien Enzo à qui j'ai raconté l'histoire et le niveau critique de ma situation financière (rires) qui m'a dit sans problèmes, on monte un répertoire…

Enzo Maggi : effectivement je lui ai dit tu plaisantes, je suis italien, je viens de la région de Naples et je joue de la guitare. En réalité, J'ai commencé une recherche depuis longtemps de partitions de mandoline et guitare qui n'existent pas, je suis allé à Naples, jusqu'au bout de la rue des musiciens à Naples pour m'entendre dire que ce type de tradition est de tradition orale, il n'existe pas d'arrangements ou sinon des versions modernes ou classiques qui ne sont pas de dans la pure tradition napolitaine…j'ai multiplié les recherches sur les forums partout pour finir par trouver un livre de chansons napolitaines avec les accords et les mélodies sur lequel on s'est basé depuis novembre 2006…des chansons qui ne sont pas jouées avec la mandoline normalement qui témoignaient de la provenance

Raphael Dumas : ces partitions nous laissaient une liberté totale et qu'on a adaptées selon nos influences respectives et nos goûts …. On a eu envie par la suite de les partager avec quelqu'un un chanteur ou une chanteuse, et après plusieurs recherches, on a fini par rencontrer Sara.

Sara Longo : On s'est rencontrés grâce à un forum et en arrivant, le projet était bien avancé avec 3 arrangements, j'ai vite compris l'esprit de création propre à partir d'une mélodie.
Il n'y avait que la mélodie qui restait traditionnelle, je devais jouer ce rôle un peu de la mélodie, qui a pas mal évolué puisque j'ai des plusieurs influences : j'ai une formation classique mais en faisant plutôt du jazz donc on a essayé de s'adapter aux influences de chacun et voilà ce qui a donné comme résultat des morceaux qui ressemblent à de la Bossa Nova, à du jazz, de la musique du monde…
Depuis on a eu l'occasion de jouer au Balajo qui organise des soirées tango et ça nous a fait rapprocher du tango argentin notamment des influences napolitaines du tango…on a tenté de mettre en avant que les ancêtres du tango sont les napolitains.

Raphael Dumas : Suite à la forte immigration italienne à Buenos Aires : il ya un lien très fort entre le tango argentin comme on l'écoute maintenant et même dans les années 30 et la musique napolitaine de la même période, le tango est un peu italien, un peu africain… et le grand monde de la musique argentine sont des noms italiens…

Sara Longo : même au niveau de la structure des morceaux, le contenu des textes très proche…

Raphael Dumas : on a eu l'impression de chanter quelque chose d'ancestrale et d'avoir par la suite quelque chose qui a traversé l'océan et qui est devenue autre chose et du coup c'est très intéressant pour nous de transformer les chansons napolitaines telles qu'on les avait avec un répertoire argentin qu'on écoute par ailleurs sans forcément faire de lien directement.

Sara Longo : Du coup, certains morceaux sont chantés en espagnol, d'autres en napolitain en gardant les rythmes latins.

Raphael Dumas : On avait envie d'aller vers le tango mais on était un peu timides, on se demandait comment parce qu'on n'avait pas les mêmes instruments, on est guitare-mandoline ou accordéon face à des morceaux qui font appel à la contrebasse et piano, violon, bandonéon… le travail était vraiment difficile et pour honorer la commande du propriétaire du Balajo qui voulait qu'on fasse une partie napolitaine et une partie tango, c'était un vrai défi à relever…On a beaucoup répété avec la peur de recevoir des tomates car les puristes du tango, c'est comme les puristes napolitains, mais l'aventure a été concluante, le public a bien réagi en dansant sans qu'on puisse goûter à la tomate (rires).

Sara Longo : Pour revenir au napolitain, je pense que c'est ce croisement qui est intéressant qui allie l'improvisation, qui ne se fait pas dans la mélodie napolitaine, à une tradition orale où on ne peut pas trouver de partitions et donc à partir de cet ensemble de partitions on a essayé de mettre un peu nos connaissances d'improvisation … en fait, le résultat n'est pas de la musique traditionnelle…

Enzo Maggi : Du moins ce n'est pas de la musique traditionnelle au sens strict mais surtout la base qu'on utilise ce ne sont pas les tarentelles, la musique populaire, ce sont des chansons de la musique populaire mais cultivée à priori, sur la période allant de 1850 à 1950. On ne fait pas la période de 'o sole moi' et là aussi, il ya des chansons qui ont été amenées en Amérique par Caruso et d'autres chanteurs, on ne fait pas les chansons qui sont nées au départ pour l'Amérique, mais il y en a dans le répertoire comme Santa Lucia luntana ou d'autres…

Sara Longo : ce sont des morceaux qu'on étudie, cette histoire de la tradition orale qu'on essaye de transmettre par écrit dans une école à Rome à laquelle je pense souvent maintenant qu'on fait le travail ensemble, qui est celle de Giovanna Marini où j'ai été pendant quelques mois…

Pourquoi le choix de ce nom Luna Rossa ?

Enzo Maggi : C'est le titre de la première chanson qu'on a arrangée, sur un rythme Mariachi, qui permet à la chanson de garder toute sa fraîcheur. L'arrangement réalisé a traversé tout un continent, on ne s'est pas arrêtés en Argentine mais au Pérou, on a donné un rythme qu'on peut assimiler à la musique des Andes.

Quelles sont vos principales inspirations ?

Enzo Maggi : au départ, pour Luna rossa on est parti de l'interprétation de Murolo, une sorte d'encyclopédie de la chanson napolitaine, c'était notre point de départ duquel on s'est très vite éloignés, on a oublié l'histoire, en apportant chacun son imaginaire musical…

Raphael Dumas : en fait, les arrangements sont faits en 2 temps comme on dit dans le jargon musical, on a une chanson après on passe une soirée entière, on prépare le spaghetti, entre temps, on joue un peu. On prend du plaisir à jouer ensemble, ça part du plaisir et le résultat regroupe les influences de chacun mais on n'a pas envie de donner un style particulier, du coup c'est plus l'instant, l'improvisation, l'inspiration qui fait que ça va sonner comme ça sonne aujourd'hui.

Enzo Maggi : le gros thème, c'est le jazz qui revient sur plusieurs chansons, des chansons un peu plus Manouche et bien sûr le tango, mes influences sont particulièrement classiques dans le sens où je joue de la guitare et Raphael plutôt la musique du monde…

Sara Longo : ce qui est drôle c'est qu'Enzo a un son assez classique et moi, je reste dans les mélodies donc on reste très classiques tous les deux et Raphael qui joue de la mandoline, instrument napolitain, c'est celui qui a tendance à s'en éloigner….

Enzo Maggi : le résultat ce sont des rythmes à la mandoline pas standards qui créent des atmosphères différentes.

Vos projets futurs ?

Enzo Maggi : Des projets pour l'Italie cet été qui sera un bon bouclage de l'histoire parce qu'on a commencé en France, on est pratiquement à moitié français mais aller en Italie et chanter en italien sera un nouveau défi à relever.

Raphael Dumas : C'est le Début de l'aventure, on aimerait faire de belles rencontres, on est trois mais plus le temps passe et plus ça sera difficile pour le 4ème qui arrivera. En même temps, on reste très ouverts à des rencontres, peu importe l'instrument mais on sent la nécessité d'avoir une contrebasse et bien sûr continuer à développer notre projet et si on peut voyager aussi…


Propos recueillis par Karima Romdane