art et artisanat

Publié le jeudi, 27 mars 2025 à 09h38

Voyages en Italie, une exposition photographique de Hervé Guibert

Par Karima Romdane

Voyages en Italie- couverture

Les Douches la Galerie présente "Voyages en Italie", nouvelle exposition dédiée à Hervé Guibert. À travers des portraits de ses amis, de ses amours, et des natures mortes d’objets intimes, réalisés entre 1979 et 1990, l’exposition illustre combien l’Italie a occupé une place centrale dans le parcours de l’écrivain-photographe, à la fois comme source d’inspiration esthétique et comme territoire de création. Un texte de Gérard Lefort présente l’exposition. Depuis quelques siècles le voyage en Italie est un déplacement autant touristique que culturel qui inspire des peintres, des architectes, des musiciens, au moins un cinéaste (Roberto Rossellini et son film au titre éponyme) et quelques écrivains (Stendhal, etc.).

Hervé Guibert donne à son voyage en Italie une tournure évidemment littéraire et, tout aussi intense, photographique. Dans les deux cas une œuvre déplacée, à la fois intempestive et exilée. Au fil de son temps, de la villa Médicis de Rome où il résida de 1987 à 1989, jusqu’à l’île d’Elbe où il est enterré depuis 1992, c’est un carrousel d’images en noir et blanc. Ce noir et blanc est le Rouge et le Noir d’Hervé Guibert, nouveau Julien Sorel comme le décrit Stendhal. Beau, suprêmement beau, et des yeux « qui, dans les moments tranquilles, annonçaient de la réflexion et du feu. »

Photographies de glace et tempérament érotique, où, comme de coutume avec Guibert, l’impudeur est une pudeur. Le diable, probablement, est dans les détails mais l’ange aussi. La lumière italienne des photographies d’Hervé Guibert est une lumière a giorno, une annonciation surnaturelle qui fuse toujours de biais comme dans un Vermeer méridional. Les instantanés photographiques deviennent des instants picturaux où le soleil indirect géométrise l’espace, le découpe en mosaïque d’ombres et de lueurs. On songe aux dernières paroles de Goethe sur son lit de mort. Qu’a-t-il dit ? «Mehr Licht » ou « Mehr nichts » ? Plus de lumière ou plus de rien ? Ce n’est pas de la confusion. Lumière et néant sont une même chose. A la marge de Goethe, les photographies italiennes d’Hervé Guibert sont une leçon des ténèbres, un nocturne, une ritournelle vitale qui nous aide à vivre. Safia Mekhelef et Gérard Lefort

Informations pratiques
  • Les Douches la Galerie
  • 5 rue Legouvé, Paris
  • Jusqu’au samedi 5 avril 2025, Du mercredi au samedi de 14h à 19h