Silvia Avallone Cœur noir. La première pierre.

Par Stefano Palombari

Le rachat est-il possible ? Que faut-il faire pour ne pas être constamment ramené à son propre passé ? C’est l’interrogation de fond de ce beau roman de Silvia Avallone.

C’est un thème important qui interroge la justice. Quand on paie sa peine, est-on quitte ? Peut-on avoir une seconde chance ? C’est l’obstacle auquel se heurte la jeune Emilia. Elle habite à Ravenna avec son père et sa mère. Une famille normale, aisée, sans problèmes particuliers. Quelques difficultés à l’école mais rien de grave. Puis tout bascule. La maladie, puis la mort, de sa mère entraînent une descente aux enfers qui se solde par un acte tragique, définitif.

Peut-on considérer sa vie terminée, définitivement fichue, lorsqu’on n’a que seize ans ? Emilia accepte donc d’entamer son parcours de rédemption. Avec la certitude qu‘elle sera toujours associée à son acte. La rédemption est une chimère.

Silvia Avallone s’attaque, avec la justesse et le courage dont elle est coutumière, à un thème clivant. Un délinquant a-t-il réellement une seconde chance ? Malheureusement, une fois passé par la case prison, quelque chose reste toujours collé à nos pompes, comme un chewing-gum tenace. Pour le travail, l’amitié, l’amour, cette tache du passé ne réussit jamais à disparaître complètement.

Silvia Avallone montre une constance étonnante dans le niveau de ses romans. Ce sont toujours des livres qui abordent des thématiques importantes. Toujours avec justesse. Ils mettent le doigt là où d’autres détournent le regard. Petit bémol, Coeur noir aurait mérité une traduction plus soignée. Le texte français est émaillé de nombreuses erreurs grossières. Un seul exemple, la traduction de l’expression : « Tu sei fuori » (qui veut dire « toi, tu es folle »), par un incompréhensible « t’es dehors ! ».