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Publié le mercredi, 8 novembre 2017 à 17h51

Piero Livio, Dustmuseum, Exposition à la Maison Européenne de la Photographie

Par Ilaria Venneri

Dustmuseum

Du 8 novembre 2017 au 7 janvier 2018, la Maison Européenne de la Photographie présente "Dustmuseum", une exposition de l'artiste Piero Livio.

Dès 1970, Piero Livio commence un projet qu’il nomme Dustmuseum. Il s’engage alors dans une collecte effrénée d’objets disparates, de rebuts et de fragments trouvés par hasard et destinés à l’oubli, puis leur redonne un nouveau visage en les intégrant dans des assemblages qui se muent en de fragiles sculptures qu’il fige en image par la photographie.

La MEP présente dans cette exposition une sélection des dernières réalisations de ce travail encore en cours. Piero Livio incarne au moins cinq différentes typologies d’intellectuels à la fois: l’artiste, le scientifique, le collectionneur, le dramaturge et l’antiquaire. Selon la catégorie, il joue différents rôles et assume divers comportements. La représentation de cette pièce de théâtre a pour scène idéale ce qu’il appelle Dustmuseum, c’est-à-dire l’ensemble de toutes ses sculptures, sorte de macrocosme composé d’innombrables pièces assemblées et comprenant d’infinies « variations sur le thème ».

À l’instar d’un cabinet des merveilles où sont rassemblées les collections extraordinaires qui puisent leurs racines dans l’histoire de l’art européen, Piero Livio représente une possible collection de notre époque. L’accumulation débordante de fragments, de petits animaux, de sphères armillaires et de lentilles, de longues-vues et de livres, de pierres précieuses et de tout ce qui peut stimuler l’imagination, est disposée dans un ordre fictif et trompeur, où l’on se perd sans se retrouver. Mais l’ordre règne bien dans ces œuvres, comme une illusion de sérénité, de sagesse immobile, d’éternelle intemporalité.

L’assemblage de ces objets, au premier abord chaotique et surexcité, nous renvoie à la Melancolia de Dürer (1514) (où une cloche, un chien, des outils de menuisier, un caillou équarri et une échelle sont assemblés dans le paysage, en apparence de façon arbitraire), à la période métaphysique de Chirico, à Ferrara (où les biscuits, les meubles, les poissons desséchés et les équerres de l’architecte cohabitent dans des pièces silencieuses à la perspective improbable), à la Boîte-en-valise (1936) de Marcel Duchamp (où les minuscules maquettes du Grand Verre, du Nu descendant l’escalier, des 3 stoppages-étalon et d’autres œuvres s’entassent dans une sorte de musée portable), aux œuvres d’André Breton (Page-objet et Rêve-objet de 1934 et de 1935), tout autant qu’à celles de Joseph Cornell ou de Mario Merz.

Informations pratiques
  • Maison Européenne de la Photographie
  • 5/7 Rue de Fourcy 75004 Paris
  • Jusqu'au 7 janvier 2018