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Publié le vendredi, 25 juin 2010 à 15h13

Quatre films de Mauro Bolognini en DVD

Par Stefano Palombari

Carlotta films présente quatre films de Mauro Bolognini, réalisateur quelque peu méconnu en France où il fut injustement considéré comme un « sous-Visconti » . Il s'agit de quatre chefs-d'œuvre : Bubu de Montparnasse, et Liberté, mon amour ! (qui sortirons en DVD le 7 juillet 2010), Les Garçons et Vertiges, qui seront.disponibles dans les magasins à partir de la semaine suivante (à parti du 14 juillet 2010).

Bubu de Montparnasse

Au début du XXe siècle, la couturière Berta quitte son domicile familial pour vivre avec Bubu, un ouvrier boulanger dont elle est éperdument amoureuse. Lorsque ce dernier quitte son travail, le couple se retrouve sans le sou. Bubu demande à Berta de se prostituer, ce que la jeune femme accepte par amour. Parmi ses clients, elle fait la rencontre de Piero, un étudiant dont la sensibilité la séduit. Mais Berta doit faire face à la jalousie de plus en plus vive de Bubu. Un jour, elle lui annonce qu’elle est atteinte de la syphilis... (1971, Italie, 97 mn, Couleurs, Format 1.85 respecté)

Portrait d’une femme vendue par l’homme qu’elle aime, Bubu de Montparnasse est une œuvre à la fois rude et délicate. En transposant le roman de Charles-Louis Philippe en Italie, Mauro Bolognini n’en demeure pas moins fidèle à la reconstitution du quotidien des prostituées de 1900, tiraillées entre leurs proxénètes et la peur de la maladie. À travers les sublimes couleurs d’Ennio Guarnieri et les costumes de Piero Tosi, le film est un hommage non déguisé aux peintres impressionnistes. Le destin tragique de Berta, incarnée par la bouleversante et radieuse Ottavia Piccolo (Metello), place Bubu de Montparnasse parmi les grands drames italiens sur la condition féminine.

Liberté, mon amour !

Rome, années 30. Fille d’un anarchiste exilé, Libera ne supporte pas le fascisme qui triomphe au quotidien. Pour ne pas mettre en péril l’atelier de tailleur de son mari, elle doit modérer ses fréquents accès de rage à l’encontre des autorités. Un 1er mai, Libera est accusée de provocation par les forces de l’ordre pour s’être habillée en rouge avec ses deux enfants. Toute la famille doit partir vivre en province, mais Liberté ne tarde pas à s’y faire remarquer par sa virulence antifasciste... (1973, Italie, 104 mn, Couleurs, Format 1.66 respecté)

Pour donner sa propre histoire du fascisme, Mauro Bolognini construit Liberté, mon amour ! comme une farce grotesque qui se délite progressivement en tragédie. À travers le personnage sublimé de Libera Amore Anarchia, femme en constante révolte incarnée par une Claudia Cardinale enflammée, c’est la lutte au quotidien et l’esprit révolutionnaire qui sont glorifiés. En accusant de manière détournée le fascisme bureaucratique des années 70, Mauro Bolognini signe un chef-d’œuvre singulier et cinglant, aux côtés de 1900 de Bernardo Bertolucci et de Nous nous sommes tant aimés d’Ettore Scola.

Les Garçons

Rome, Scintillone et Ruggeretto, deux jeunes marginaux désœuvrés, ont volé une voiture et son Àchargement. Après avoir pris en route des prostituées chamailleuses, les compères organisent une virée pour revendre leur butin. Avec l’aide de Gino la belle, une petite frappe rencontrée lors de funérailles, ils trouvent une combine et empochent un pactole. Les trois garçons décident alors de profiter des filles et de s’enfuir avant de les avoir payées... (1959, Italie, 90 mn, Noir & Blanc, Format 1.33 respecté)

Chronique de la petite criminalité dans la lignée d’Accatone, Les Garçons dresse le portrait d’une jeunesse spécialisée dans les combines minables et cumulant les conquêtes d’un jour ou d’une nuit. Sur un scénario de Pier Paolo Pasolini, Mauro Bolognini dépeint une société où tout se monnaie et où, derrière les codes de la tradition, chacun cherche à arnaquer son prochain avec une hargne non contenue. Traversé de jeunes visages magnifiques (Laurent Terzieff, Jean-Claude Brialy, Mylène Demongeot) et photographié avec limpidité et naturel, Les Garçons est une œuvre phare du cinéma italien des années cinquante.

Vertiges

En pleine montée du fascisme, le professeur Bonaccorsi officie dans un hôpital psychiatrique de Toscane coupé du monde. Persuadé que la folie est une maladie qui se propage comme un virus, il conduit des recherches pour tenter de déterminer son "germe". Une jeune doctoresse nourrie de lectures psychanalytiques est mutée sur place et ne tarde pas à s’opposer à ses théories. Elle découvre en sus que le professeur entretient des relations libertines avec toutes les femmes "saines" de l’hôpital... (1975, Italie, 97 mn, Couleurs, Format 1.66 respecté)

Étude crue et électrisante d’un îlot d’aliénés au cœur de l’Italie mussolinienne, Vertiges met en parallèle les origines de la folie et la propagation du mal dans une société fermée. Semblable à Marco Bellocchio qui filme au même moment les catastrophes de la psychiatrie publique dans Fous à délier, Mauro Bolognini s’appuie sur un réalisme instable pour dépeindre un microcosme clinique comme un milieu carcéral. Aux côtés d’un Marcello Mastroianni ahurissant de perversion, les ravissantes Françoise Fabian, Marthe Keller et Barbara Bouchet confèrent à Vertiges un érotisme inquiétant, qui en fait l’un des films les plus puissants de Mauro Bolognini.

Informations pratiques
Dans tous les magasins de DVD
sortie : les 7 et 14 juillet 2010

jeu-concours des DVD à gagner (terminé) réservé aux abonnés à notre lettre

Collection Mauro Bolognini
Dans les magasins de DVD, juillet 2010 jeu-concours (terminé)