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Publié le vendredi, 15 mars 2019 à 07h50

Lulù Nuti, Point Zero, Collective à la Galerie Chloé Salgado

Par Ilaria Venneri

Point Zero

A partir du 16 mars 2019, la Galerie Chloe Salgado présente la collective "Point Zero". Au point de départ de cette exposition, il y a la rencontre de cinq jeune-femmes, en Italie.

Cela commence comme un roman, le début d’une histoire d’amitié artistique. À l’invitation de Lulù Nuti , Léa Dumayet, Katya Ev, Mara Fortunatović, et Joana Zimmermann se retrouvent, en 2017, sur les bords enchanteurs du Lac de Côme, pour l’inauguration d’une résidence.

Dès le départ, les discussions deviennent des étincelles pour les travaux de chacune. Mais, et c’est là l’originalité, il s’agit de la cristallisation d’une communauté sans contrainte, pour un collectif qui n’en serait pas vraiment un, mais plutôt la réunion, le trait d’union, de singularités existentielles qui se reconnaissent dans un contexte particulier d’émancipation horizontale, féminine aussi, ce n’est pas négligeable.

Lulù Nuti insiste ainsi sur ce point : « après vingt années passées sous le joug de Berlusconi, qui a plombé la culture en confondant la star et l’artiste, le succès et la qualité de la réflexion, les nouvelles générations — désormais élargies au contexte européen — répondent en chorale ».

Oui, il y va d’un chant à plusieurs voix, d’une résonance multiple. Précisons aussi : ces artistes ont toutes fait leurs études aux Beaux-Arts de Paris, par-delà leurs origines : alors que Léa est française, Katya est d’origine russe, Mara allie des racines croates et marocaines, Lulù est italienne et Joana brésilienne. On pourrait ainsi penser que Paris, de par sa vitalité artistique et ses réseaux en mouvement, serait encore un terreau pour des constructions de possibles artistiques, et cela rassure.

Alors, qu’en est-il de ce « point zéro » donnant son titre à cette exposition ? Lorsque j’ai rencontré les artistes collectivement, le 13 février 2019, chez Katya, j’ai été surprise de la fluidité de la circulation de leurs paroles à chacune, la discussion empruntant des chemins de traverse pour se retrouver en un point de concentration. Je crois que c’est de ce point-là dont il est question.

Car, le point zéro est bien le point du commencement, de ce qui part pour prendre son élan, cet instant décisif où le cristal de la rencontre se forme. Le point zéro est aussi, me disent-elles en chœur : « le zéro absolu de la matière », « le point géographique où les chemins se croisent », « le point d’atterrissage d’une explosion ». Je pense quant à moi au point d’origine où les distances vont pouvoir être calculées ; et, bien entendu, au « degré zéro de l’écriture », cet espace laissé blanc, d’une page à écrire.

Et, sur cette page blanche, la liberté est imaginable, c’est-à-dire toujours, la conjonction dialectique et le partage des gestes. Dès lors, les pratiques mobilisées ici, dans l’espace fraichement inauguré de la Galerie Chloe Salgado (une autre jeune-femme) se rejoignent par leur dimension sculpturale, leur incarnation dans un espace, tout en acceptant une forme d’hétérogénéité nécessaire.

Informations pratiques
  • Galerie Chloe Salgado
  • 61 rue de Saintonge 75003 Paris
  • Du 16 mars 2019 au 20 avril 2019