La soie et le fusil, roman de Gioacchino Criaco

Par Stefano Palombari

La Calabre n’est pas une simple région. C’est une malédiction. Une malédiction qui te colle à la peau. On ne peut pas s’en débarrasser. Fuir ne sert à rien. Julien Dominici, en dépit de sa naissance en France, d’une mère française, n’a pu qu’obéir aux injonctions de son sang paternel, de son sang calabrais. Répondant à un appel vieux de plusieurs siècles, il s’est incliné à la loi du clan. Et il s’est perdu.

La Soie et le Fusil est un roman sur les sentiments. Tous les sentiments : L’amour, l’amitié, la haine, le mépris, la peur... Entre la Calabre, Milan, la France, la Belgique... Julien Dominici, le « Gecko », tente d’échapper à son terrible destin : tuer ou être tué. Il ne veut que retrouver sa « Nymphe », sa raison de vivre, Agnese Therrime. Derrière les agissements de ces deux personnages, le vrai protagoniste du roman n’est jamais loin : La Calabre.

La terre... cette belle terre défigurée par la spéculation, est l’origine et la destination de tout Calabrais. Une incompréhension ancienne oppose deux familles, les Dominici et les Therrime. Avec le temps, on oublie les raisons de la haine, sans pour autant que cette dernière faiblisse. Heureusement, il s’agit d’une malédiction toute masculine. Les femmes en sont immunisées.

« L’avenir de l’homme est la femme », disait Aragon dans Zadjal de l'avenir, « Elle est la couleur de son Ame / Elle est sa rumeur et son bruit / Et sans Elle, il n’est qu’un blasphème ». Agnese, la Juliette Capulet de Gioacchino Criaco, réussit là où ses ancêtres, Paola, Caterina, Vittoria... ont échoué.

La Soie et le Fusil est un hymne à la beauté abîmée de la Calabre. Un hommage à la force d’un peuple tiraillé entre mer et montagne. Une terre où les traditions ne sont pas « gardées » mais vécues avec la même intensité depuis des siècles. Une terre qui produit des vengeances sauvages, des haines déchirantes, des rancunes coriaces mais également des amours absolues… et rédemptrices.