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Publié le mercredi, 2 juillet 2025 à 09h35

L'Arioste, Sonnets. Traduction de l'italien par Frédéric Tinguely

Par Riccardo Borghesi

L'Arioste, Sonnets - couverture

Retrouver les vers de l'Arioste des années après les dernières lectures scolaires, a un effet rassérénant, apaisant. Le temps ralentit, les mots parfois obscurs révèlent peu à peu leur sens et leurs intentions. Une lecture transversale ici (comme dans tout poème, après tout) serait un échec, elle donnerait une liste de mots dénués de sens. Il n'y a pas de place ici pour la frénésie des lectures modernes ; il faut du calme. Les élisions, la densité du texte où chaque vers contient un monde, mais aussi la référence à des codes aujourd'hui obscurs pour nous, sont autant d'aspects qui exigent une lecture approfondie et exigeante.

Les sonnets sont une œuvre peu connue de l'Arioste. Ils ne sont pas étudiés à l'école, où seul le « Roland furieux » a sa place. D'ailleurs, en France, je doute que l'Arioste soit au programme des lycées, si ce n'est comme source d'inspiration pour Ronsard et Du Bellay.

Les sonnets sont une œuvre mineure, certes, presque un divertissement de l'auteur, un passe-temps. Mais c'est précisément pour cette raison qu'ils sonnent vrais, pleins de vie. Une fois le premier impact ardu surmonté, un monde familier et exotique se révèle à nous. Amours, passions, érotisme, mais aussi ironie et obsessions extravagantes à nos yeux (comme la série de trois sonnets consacrés à la coupe des cheveux de sa bien-aimée, imposée comme remède aux accès de fièvre). Le tout magnifié par un raffinement du vers, entrelacement virtuose de rigueur et de vitalité.

Cette première et efficace traduction française (la première en 500 ans, vous imaginez ?) permet une lecture agréable à laquelle contribuent divers facteurs. Le choix du texte original "en regard". Une traduction volontairement libre, conservant un rythme de lecture poétique qu'une traduction rigoureuse ne permettrait pas.

Les commentaires précis et amusants dont l'éditeur, et traducteur, accompagne le texte. Un bel hommage au grand « Ferrarais » en somme, dont la fraîche contemporanéité est le fruit de l'approche de Frédéric Tinguely, dans un savant équilibre entre la rigueur du spécialiste et la légèreté du vulgarisateur passionné.

Informations pratiques
  • L'Arioste, Sonnets, traduits de l'italien par Frédéric Tinguely, Verdier, 19 €