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Publié le vendredi, 6 juin 2025 à 09h27

Gianni Biondillo, Le goût du sang. Polar pimenté

Par Stefano Palombari

Gianni Biondillo, La goût du sang - couverture

Le goût du sang nous plonge dans une atmosphère sibérienne tout en restant à quelques kilomètres des plages méditerranéennes. On est à Milan et le blanc d’un hiver particulièrement rude sert de toile de fond au rouge vif de meurtres barbares. Dans le Milan de Gianni Biondillo, on croise de rares Milanais. Les Calabrais y règnent en maître.

Bien qu’il ne fasse pas partie de la famille du chef de la ‘Ndrangheta milanaise, le jeune Sasà, très futé, réussit, à force de volonté, à se faire une petite place dans le gotha de l’organisation. Sa proximité avec Francesco Greco, dit « Ciccio pasticcio » (littéralement « Ciccio qui fait des bêtises »), le neveu du boss, est déterminante.

Cependant, lorsque ça tourne mal et qu’il faut plonger, entre un membre de la vénérable famille et un parvenu acariâtre, le choix et vite fait. Une fois sous les verrous, Sasà est abandonné à son sort. La famille lui tourne le dos et laisse sa femme et sa fille dans la dèche.

A l’insu de tout le monde, exploitant un vice de forme, Sasà sort de prison à quelques jours de son procès, animé par une soif inépuisable de vengeance, notamment après la découverte de l’énième et plus grave trahison de « son ami » Ciccio.

Après Le charme des sirènes, paru il y a huit ans, La goût du sang renoue avec les protagonistes touchants du roman précédent et notamment les agents de police du quartier populaire de Quarto Oggiaro : Ferraro, De Mattei, Comaschi et Lanza, à la naïveté linguistique désarmante. Gianni Biondillo, architecte-écrivain, souffle le chaud et le froid sur le lecteur alternant des moments d’action rapide et nerveuse à des temps plus lents, des réflexions sur la vie et le rapport entre générations.

Informations pratiques
  • Gianni Biondillo, La goût du sang, traduit de l'italien par Anne Echenoz, Métailié, 22,50 €