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Publié le mercredi, 6 décembre 2017 à 09h45

Franco Matticchio, expo à la galerie Martel

Par Roberta Spirito

Le chat Jones dessiné par Franco Matticchio

Franco Matticchio, valeur majeur du graphisme italien sera au centre d'une exposition à la Galerie Martel jusqu'au 13 janvier 2018. Le titre de l'expo : Matticchio en passant. De la presse à l’édition en passant par les galeries d’art, Franco Matticchio n’a pas ici le statut qu’il mérite. Pourtant, ce créateur hors pair est un artists’ artist, reconnu par les grands de sa profession, de Sempé à Spiegelman, de Mattotti à Swarte. Son univers ? Mêlez Magritte, Topor, Fred, Tenniel, J. K. Rowling, Chaval, Gébé, saupoudrez de Granville, de Residents ou de Bob Dylan, de Bosch, de Jaccovitti, et ce sera encore autre chose. Alors, laissez Franco Matticchio vous conduire chez lui : de l’autre côté du miroir.

Le chat Jones n’est pas un chat, pas plus qu’une pipe de peintre surréaliste belge n’est une pipe. Son bandeau noir sur l’oeil gauche (il ne l’enlève que devant la télé) n’en fait pas non plus un pirate. Alors ? Jones est votre émissaire candide dans un monde où tout peut arriver, où les effets précèdent les causes, où règnent le songe, les transformations, les contraires — et il n’y comprend rien. Tout comme son modèle avoué, le Mr Jones de la chanson de Dylan, Ballad of a Thin Man : “Parce qu’il se passe quelque chose ici / Mais tu ignores ce dont il s’agit / Hein, Mr Jones ?”

Lorsque toute une ville se résume à son reflet dans une flaque d’eau, lorsque vous êtes éveillé par le toc-toc-toc du soleil levant demandant à franchir l’horizon, lorsqu’une faune marine flottant dans la cuisine fait face à un buffet fifties déformé par Fellini, lorsqu'un songe entamé par un personnage se termine dans la tête d’un autre, lorsque les chaussures et les manches de guitare vont par trois, lorsqu’un jockey atrophié chevauche un pur-sang en bas noirs et stilettos, lorsqu’une petite fille tire un crocodile d’une bibliothèque, que faire sinon jubiler, en redemander, et tourner vite la page ?

Outre le dessin et la peinture, Mattocchio pratique la gravure. Ce n’est pas un hasard. Pigprints, l’éditeur de ses eaux fortes, a placé en exergue de sa page Web cette phrase de Lucian Freud : “La gravure comporte un élément de danger et de mystère. Vous ne savez pas ce qui va sortir. Ce qui est noir est blanc. Ce qui est à gauche est à droite.” Un miroir.

Informations pratiques
  • Galerie Martel
  • 17, rue Martel - 75010 Paris. Tél. 01 42 46 35 09
  • Jusqu'au 13 janvier 2018