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Publié le mercredi, 22 octobre 2025 à 09h21

Dieu n'est pas un Saint de Roberto Mercadini

Par Riccardo Borghesi

Roberto Mercadini, Dieu n'est pas un Saint - couverture

Roberto Mercadini, auteur et interprète de monologues brillants, profonds et amusants, porte une barbe de prophète et manie les symboles et les métaphores mieux qu'un évangéliste.

Il semble donc presque naturel qu’après avoir parlé, entre autres, de bombes atomiques et de géants de la Renaissance, il se consacre à l’analyse de la Bible.

Il le fait en extrayant histoires et personnages pour les placer sous la loupe d'un microscope sémantique. « Voyons comment ils sont faits », semble-t-il nous dire, ce qu'ils cachent derrière une apparence cristallisée au fil des millénaires. Il les dissèque, les examine et les décompose. Il y cherche une logique, un sens qui dépasse la banalité liturgique.

Il utilise avec une maîtrise ponctuelle l'étymologie hébraïque des millénaires passés. Connaissait-il déjà l'hébreu ? L'a-t-il étudié pour écrire ce livre ? Je n'ai pas les moyens de dire si ses affirmations sont justes, mais mon instinct me dit de lui faire confiance.

Et alors, des épisodes que nous connaissons superficiellement, pour les avoir entendus au catéchisme ou pendant les ennuyeux cours de religion (eh oui, jusqu'à il n'y a pas si longtemps, nous récitions nos prières à l'école), prennent une nouvelle apparence, une saveur renouvelée.

Les récits se révèlent alors incohérents, bancals, boiteux. Les personnages considérés comme saints peuvent au contraire se révéler cruels et impitoyables. Les décisions divines, absurdes et insensées. Les millénaires et les réécritures successives n'ont rien pu changer à l'approximation du texte, à ses lacunes, à l'ambiguïté dont il est imprégné.

Les résultats des analyses sont clairs : la main divine s'est exprimée à travers la main humaine, avec toutes les limites de cette dernière.
Et si le caractère sacré des « Écritures » ne semble pas l'intéresser, l'attention de Mercadini se porte plutôt sur la recherche d'une morale tout à fait humaine.
Car après tout, si ces textes ont résisté au passage des millénaires, il doit nécessairement y avoir une raison.

Ps: je me demande pourquoi, cette fois aussi, on a senti le besoin de changer le titre du livre. De "La femme qui rit de Dieu" à "Dieu n'est pas un Saint". Besoin peut-être d'un titre plus aguicheur ou besoin de simplifier? En tout cas on aurait pu l'éviter.

Informations pratiques
  • Roberto Mercadini, Dieu n'est pas un Saint, traduit de l'italien par Lucien d’Azay, Les belles lettres, 17,50 €