musique classique

Publié le lundi, 2 juin 2025 à 12h00

3e Festival de Pentecôte « Les italiens et les italiennes entre Milan et Paris 1768-1830 »

Par Karima Romdane

Festival de Pentecôte « Les italiens et les italiennes entre Milan et Paris- couverture

Le Musée National du Château de Malmaison et La nouvelle Athènes présente la 3e édition du Festival de Pentecôte qui se déroulera du 6 au 9 juin prochain à l’Orangerie de Bois-Préau, avec pour thème Italiens et Italiennes entre Milan et Paris 1768-1830. En écho l’exposition Appiani, le peintre de Napoléon proposée au Château de Bois-Préau, cette 3e édition vous convie à revivre les échanges musicaux entre l’Italie et la France du Premier Empire à la Monarchie de Juillet. Le salon de Malmaison recevait aussi bien le compositeur français Méhul que les compositeurs italiens rivaux, héritiers de l’art du Bel Canto cultivé à Naples ou Bologne, très prisés de Napoléon et de Joséphine : Paisiello, Spontini, Paisiello, Spontini, Donizetti, Rossini, Bellini.

De Viotti à Rossini et Paganini, le festival propose 7 concerts avec des artistes européens, tous à l’avant-garde d’une relecture du répertoire romantique sur instruments d’époque : Luca Montebugnoli, Eloy Orzaiz, Laura Granero, Laura Andriani , Amandine Beyer, Lucile Richardot, l’ensemble Les Lunaisiens, l'Octuor à vents Sarbacanes (Gabriel Pidoux, Neven Lesage), Jos van Immerseel. Faire se rencontrer la musique, les instruments et les lieux d’une même époque garantit une expérience sensorielle unique que peu de manifestations peuvent proposer! .

Conçu en écho à l’exposition « Appiani, peintre de Napoléon en Italie » au château de Bois-Préau, le festival propose un billet jumelé concert + exposition au tarif groupe à visiter avant ou après. Le parc romantique de Bois-Préau – conçu par Joséphine – invite à l’écoute de la musique dans un écrin de nature exceptionnel le samedi 7 juin avec l’octuor à vent Sarbacanes :

. 12h30 – 14h : Une déambulation musicale gratuite
. 19h30 : Une sérénade au jardin des airs d’opéras italiens

Deux figures féminines seront mises à l’honneur la violoniste Maddalena Lombardini et son quatuor ainsi que Ia cantatrice Isabella Colbran, muse de Rossini et compositrice d’ariette à découvrir.

Vendredi 6 juin 2025 à 20h - Ouverture du Festival Paganini
Le « phénomène Paganini » au XIXe siècle : entre violon et piano, mythe et réalité. « Vendez tout ce que vous possédez, bradez tout, mais allez l’entendre. C’est le plus impressionnant, le plus surprenant, le plus merveilleux, le plus miraculeux, … le plus inattendu des phénomènes jamais survenus. » Ainsi s’exclame en 1831 le musicographe Castil Blaze, au lendemain des premiers concerts parisiens de Niccolò Paganini (1782-1840). Les voyages que le musicien originaire de Gênes fit en Europe entre la fin des années 1820 et le début des années 1830 constituent en effet un tournant dans l’histoire de la musique. À la fois héritier de la tradition violonistique italienne et hérault d’une nouvelle virtuosité romantique, le grand violoniste éblouit le public et les musiciens des capitales européennes par son jeu et sa musicalité enflammés. Si les violonistes sont séduits par sa technique révolutionnaire, les apparitions publiques de Paganini ne manquent pas d'inspirer les autres instrumentistes. Les plus grands pianistes de l’époque, tout particulièrement, se lancent dans le défi de transposer au clavier la gestuelle musicale prodigieuse du virtuose.

Samedi 7 juin 2025 à 15h - Le piano et la mandoline
On associe aujourd’hui la mandoline à Mozart et sa célèbre sérénade « Deh, vieni alla finestra » dont Don Giovanni se sert pour séduire l’une de ses 1000 et 3 « Donne ». Tout d’abord populaire en Italie entre la Lombardie et Naples, son son scintillant et évocateur fut très prisé dans les salons aristocratiques et bourgeois de toute l’Europe. Plusieurs virtuoses italiens portèrent cet instrument d’accompagnement à une écriture soliste lors de tournées reliant Vienne, Londres ou Paris. L'un des cas les plus célèbres est sans aucun doute celui de Pietro Vimercati (1779 - 1850), virtuose milanais décrit par l'influent critique viennois Eduard Hanslick comme « le Giuliani de la mandoline ». Après une tournée triomphale de concerts à Vienne, Vimercati se produit pour la première fois à Paris en 1823, puis en 1825, à la salle Erard aux côtés de des grands pianistes de l’époque Hummel et Kalkbrenner et du violoniste Pierre Baillot. Quel était le programme joué par Vimercati à cette occasion ? Peut-être certaines pièces de ce concert ?

Samedi 7 juin 2025 à 19h30 - Sérénade au jardin : Opéras de Paisiello, Cherubini, Rossini
A la fin du XVIIIe siècle, les ensembles d'harmonie sont un élément essentiel de la vie musicale domestique en Europe. La vocalité inhérente des instruments à vent les désigne en effet comme la meilleure manière de faire entendre, dans un cadre privé, les derniers succès des maisons d’opéras.

En France, la période postrévolutionnaire constitue un âge d’or pour les harmonies : le Conservatoire de Musique fondé en 1795 doit notamment fournir des musiciens pour la célébration des fêtes nationales en plein air qui nécessitent un grand nombre d’instrumentistes à vent.

Dimanche 8 juin 2025 à 15h - La femme de Rossini
La musicologie traditionnelle a longtemps négligé les contributions des femmes. Ce concert, intitulé La femme de Rossini, propose de raconter l’histoire de Gioachino Rossini et Isabella Colbran à travers les yeux d’Isabella. Plus qu'une simple muse ou interprète, Colbran était une figure artistique accomplie à part entière : chanteuse renommée et compositrice de talent, elle joua un rôle central dans la carrière de Rossini et dans l'évolution du répertoire lyrique de son époque.

À son époque, les chanteurs n'étaient pas seulement des interprètes passifs, mais des artistes dont la contribution créative était considérable, en étant regardés comme plus importants que les compositeurs eux- mêmes. Les chanteurs et les chanteuses d’opéra étaient les vraies « stars ». On attendait d'eux qu'ils apportent leur personnalité aux œuvres qu'ils interprétaient, notamment en adaptant les arias et récitatifs à leurs propres capacités vocales et à leurs préférences interprétatives. Cela incluait des modifications du texte musical, une pratique largement acceptée dans le monde opératique du XIXe siècle.

Isabella Colbran, au-delà de son talent d'interprète, était elle-même compositrice et créa plusieurs collections de chanson, dont certaines spécifiquement pour la fille du Prince Eugène de Beauharnais, vice-roi du Royaume d’Italie. Colbran avait aussi chanté pour Joséphine de Beauharnais.

Née en 1785, Isabella Colbran s’est imposée dès son jeune âge comme l'une des voix les plus envoûtantes de l'Europe. Elle fit ses débuts à Paris avant de triompher dans les théâtres d'Italie, notamment au Teatro San Carlo de Naples, où elle devint la prima donna assoluta. C'est là qu’elle allait devenir la principale source d'inspiration pour Rossini. Leur collaboration artistique marqua profondément l’œuvre du compositeur, qui écrivit plusieurs de ses plus célèbres opéras spécifiquement pour elle, tels que Otello ou Semiramide.

Dimanche 8 juin 2025 â 18h30 - Viotti, Boccherini et Maddalena Lombardini
À l’aube du XVIIIe siècle, la musique italienne connaît un grand succès à Paris, influençant profondément le style français, tant par imitation que par opposition. De nouveaux genres, tels que la sonate et le concerto, enrichissent la musique française, tandis que l’école de violon de Vivaldi et de Tartini fascine le public parisien.

Maddalena Sirmen, protégée de Tartini, commence sa formation à l’Ospedale dei Mendicanti. Son maître lui écrit la célèbre Lettera a Maddalena, un traité de référence pour les violonistes. Violoniste, cantatrice et compositrice, elle écrit six quatuors qui se distinguent par leur liberté et leur inventivité. Son talent est reconnu à l’international, comme le souligne Le Mercure de France, qui évoque son passage « fort brillant » au Concert Spirituel le 15 août 1768. Cependant, le goût du public évolue rapidement. À propos de son dernier concert donné à Paris en 1785, son style de jeu est jugé démodé.

En effet, la célèbre série de concerts nommée Concert Spirituel constitue une vitrine idéale pour les artistes italiens qui souhaitent se faire connaître à Paris. En 1782, Giovanni Battista Viotti, qui obtient un grand succès au Concert Spirituel grâce à son style expressif au violon, lie son destin à celui de la capitale française. Il s’y installe de façon permanente, est nommé soliste de la Cour de Marie-Antoinette et fonde le « Théâtre du Monsieur » avec une compagnie entièrement italienne. Il se consacre alors à l’organisation de concerts ainsi qu’à la composition. Ses œuvres, empreintes de sensualité, se caractérisent par une virtuosité affirmée.

Le nouveau siècle témoigne de la naissance de nouveaux styles. L'oratorio La Création de Haydn fait sensation dans toutes les grandes salles européennes, y compris à Paris (première le 24 décembre 1800). Ferdinando Paer, installé à la capitale depuis 1807, se distingue par sa capacité à marier la rigueur classique à une sensibilité nouvelle, annonçant ainsi le romantisme.

Quelques années plus tôt, Luigi Boccherini avait profondément impressionné le public du Concert Spirituel avec son style audacieux au violoncelle. Installé à Paris entre 1767 et 1768, il se fait connaître d’abord comme interprète, puis comme compositeur. En 1799, il compose un dernier recueil de six quintettes associant pianoforte et quatuor à cordes, dédié « à la Nation Française ».

Lundi 9 juin 2025 à 15h - Les pianistes Italiens à Paris
Dans une période de grands échanges artistiques entre les musiciens et les artistes européens, le tournant du XIXe siècle apparaît comme particulièrement poignant et riche, en raison de la vivacité culturelle de la ville de Paris et de l'attrait de la Révolution française en tant que modèle d'un nouvel ordre éthique et politique, idéal repris dans une certaine mesure par les troupes napoléoniennes en Allemagne et en Italie. Les cercles culturels et artistiques, enflammés par ces nouveaux idéaux, prospèrent.

Après des décennies d'hégémonie artistique italienne en Europe, la domination des Habsbourg et de la France en Italie a permis à des compositeurs, chanteurs et instrumentistes italiens d'établir leur carrière au-delà des Alpes, créant ainsi des passerelles culturelles fertiles entre différents pays.

Les compositeurs d'opéra italiens, comme Cherubini, Bellini, Rossini et Donizetti, ont fait fortune à Paris, les pianistes italiens beaucoup moins. Paris n’est devenu la nouvelle capitale des virtuoses du piano après Vienne et Londres. Avec la création du premier conservatoire en 1795, Paris a établi de nouvelles normes instrumentales, donnant l'exemple à de nombreux autres pays qui se sont lancés dans l'enseignement professionnel de la musique.

Lundi 9 juin 2025 à 18h30 – Parodie de la Vestale de Spontini
Cadet Buteux est ce monsieur tout le monde qui un jour se décide d’aller à l’Opéra. Il est un individu fantasque qui, lorsqu’il se retrouve devant la Vestale de Spontini en 1807, s’identifie à tous les personnages. Dans un délire vocal digne des Marx Brothers ou de Louis de Funès, à vous de choisir, Cadet Buteux se transforme tour à tour en jeune premier, en soprano colorature, en grand-prêtre, en soldat….

Ce personnage singulier, créé par le Chansonnier Désaugiers, membre du « Caveau Moderne » de 1806 à 1817 sera l’occasion pour les Lunaisiens de proposer un récital ludique autour de l’Opéra Italien. Vaudevilles, chansons et romances vous raconteront comment l’on s’amusait à parodier dans les salons cet art pourtant si chéri : le Bel Canto.

Vendredi 6 juin 2025 à 10h Journée d’Etude - Les échanges musicaux entre la France et l'Italie sous le Premier Empire - Accès Gratuit

avec Amandine Beyer et son quatuor Kitgut et Eloy Orzaiz, Lucile Richardot et Les Lunaisiens, Luca Montebugnoli et Laura Andriani, Laura Granero et Jeanne Marie Lelièvre, L’octuor à vents Sarbacanes (Neven Lesage et Raphaël Pidoux), Stefania Neonato, Jos van Immerseel et Anna Schivazappa

Informations pratiques
  • Orangeraie du Château de Bois-Préau - Rueil-Malmaison
  • Tarifs entre 15€ et 31€50. tout le programme
  • Du 6 au 9 juin 2025
  • Tarif préférentiel pour nos internautes, une réduction de 15% sur toute la programmation en réservant en ligne avec le code erard1806