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Publié le mercredi, 7 octobre 2015 à 07h00

Critique de Sang de mon sang, film de Marco Bellocchio

Par Valentina Pasquali

Une scène du film Sang de mon sang

Le film est structuré en trois parties, la troisième constituant l’épilogue de la première. Le lieu est le même : la prison du couvent de Bobbio, une petite ville de la région de Piacenza, en Italie. Au XVII siècle, le cavalier Federico Mai frappe à la porte du couvent : son frère jumeau, le prêtre Fabrizio, s’est suicidé. A la suite de cet événement, Federico doit réhabiliter sa réputation. Benedetta, une jeune religieuse est accusée de l’avoir séduit et d’avoir signé un contrat avec le diable. Seule sa confession rendra la paix à l’âme de Fabrizio et à la mère des deux jumeaux. Malgré les tortures, la jeune femme ne se laissera pas soumettre par la violence du Pouvoir ecclésiastique et sera condamnée à être emmurée vivante.

Quatre siècles plus tard, un autre Federico Mai frappe à la même porte du même couvent : Aujourd’hui, le couvent est hanté par un mystérieux comte qui ne sort jamais pendant le jour et dont personne ne peut dire s’il est mort ou encore vivant. Le nouveau Federico accompagne un jeune milliardaire russe qui veut acheter le couvent pour le transformer en hôtel de luxe. Le comte, qui vit dans une sorte de passé immuable ce qui fait de lui une sorte de vampire moderne, n’a aucune intention de vendre et avec l’aide de sa congrégation d’amis, qui comme lui, refusent de s’adapter à la modernité, corrompt le nouveau Federico Mai afin que celui-ci persuade le riche russe de renoncer à racheter le couvent.

Dans le passé comme au présent, Bellocchio constate la même force destructrice du Pouvoir, autrefois entre les mains de l’Eglise, aujourd’hui entre les mains d’une classe dirigeante qui refuse d’évoluer et qui reste toujours gagnante bien qu’elle se serve des mêmes méthodes anciennes. Un Pouvoir immuable, donc vampirique, qui traverse les siècles pour se représenter vieux et jeune en même temps, le Pouvoir qui a rendu l’Italie un pays incapable de connaître une vraie libération en lui suçant toutes ses forces.

L’esprit révolutionnaire et subversif de Bellocchio – qui a caractérisé toute sa carrière à partir de son premier film « Les poings dans les poches » (I pugni in tasca, 1965) – se représente dans l’épilogue du film, où Benedetta – symbole de l’insoumission à la violence du Pouvoir – reçoit la grâce et sort de sa prison, après trente ans de captivité, plus belle et plus radieuse qu’avant. Pour l’auteur, le film veut être une sorte de divertissement réalisé en famille et entre amis, malgré le budget assez réduit, le résultat n’en souffre pas, grâce à la magistrale photographie de Daniele Ciprì.

Informations pratiques

Critique du film Sang de mon sang. Sortie nationale le 7 octobre 2015