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Publié le vendredi, 9 septembre 2016 à 09h36

Rome brûle de De Cataldo et Bonini

Par Riccardo Borghesi

Rome brûle - couverture

Rome brûle de De Cataldo et Bonini est la suite, presque un appendice, de Suburra sorti l’année dernière toujours chez Metaillé.

La période à laquelle le livre fait référence est plus ou moins celle qui va de la fin de « Mafia Capitale » à la démission du Maire de Rome Ignazio Marino (automne 2015). Si on considère que le livre est sorti en Italie fin 2015, on peut donc le voir comme un « instant book », avec les défauts et qualités de ce « genre » de littérature.

Le point fort est l’exploration de l’actualité sur le plan de la fiction qui permet de dire ou suggérer ce qu’on ne peut pas dire sur le plan journalistique ; la limite, commune à beaucoup de romans « à thème », est celle d’une narration plate et des personnages stéréotypés, fonctionnels certes au récit, mais sans vie. En bref, il me semble manquer le mordant et la puissance épique qui imprégnaient Suburra.

Malgré cela le livre reste d’une lecture agréable et prenante, et de surcroît utile à la compréhension des mécanismes de la politique romaine, de sa contiguïté au monde du crime, de sa dépendance, dans le bien et le mal, de la politique vaticane. Un exemple intéressant est la mise en scène de la grève des éboueurs, montée de toute pièce pour peser sur les négociations concernant les travaux publiques liés au Jubilé, qui met à genoux la ville : un cas d’école sur comment fonctionnent ces choses dans certaines régions d’Italie.

Avec maîtrise les auteurs réussissent aussi à dégager l’essence de la nouvelle classe politique, jeune et sans scrupules, qui est en train de prendre les commandes du Parti Démocratique. Une classe politique anthropologiquement étrangère à l’histoire sociale et idéologique du vieux Parti Communiste. Réalité encore plus dérangeante pour le virage moral en cours parallèlement au Vatican, après l’arrivé du nouveau Pape François.

A l’arrière-plan des événements, qui s’inspirent en grande partie de ceux du Maire Marino, on aperçoit la montée de la vague qui, alimentée par l’exaspération populaire et par l’état désastreux de la chose publique (ou va savoir par quoi d’autre!), finira par tout emporter, donnant lieu à l’élection de la première maire femme de l’histoire de Rome.

Qui suit l’actualité politique italienne (les premiers signes graves d’instabilité de la majorité « cinq étoiles » font actuellement la Une des journaux italiens), peut parier que sous peu il y aura assez de matériel pour un troisième volume de la saga.

Informations pratiques

Rome brûle de Giancarlo De Cataldo e Carlo Bonini, Métailié 19€
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