Publié le mercredi, 18 juin 2014 à 15h30
La révolution par les vignes
À l’heure de l’apéro, on ne peut que parler de vin… surtout lorsque l’on s’appelle Jonathan Nossiter et que l’on a réuni autour de la table une poignée de vignerons.
Nous sommes à l’été 2013, en Toscane, à Pacina, le domaine de Giovanna Tiezzi et Stefano Borsa, qui produisent du vin dit « naturel » (jus de raisin bio qui a fermenté naturellement, vierge de tout additif). Tout comme Stefano Bellotti (Piémont), Elena Pantaleoni (Emilie-Romagne) et Corrado Dottori et Valeria Bochi (Marches).
De cette rencontre est née l’idée de faire ce documentaire spontané, improvisé presque, filmé en direct. Le but ? Montrer l’action concrète d’agriculteurs libres, qui, par passion pour leur métier, par respect de la terre et honnêteté envers les consommateurs, entrent en résistance contre le système législatif et agricole italien et européen.
Autour de cette même table, nous découvrons également Gian Luca Farinelli : directeur de la Cinémathèque de Bologne, très impliqué dans la restauration de films du patrimoine (après avoir vu ce documentaire, garde à prononcer l’expression « vieux films » !) et dont les interventions et les extraits de certaines « raretés » du cinéma italien raviront les ciné et italophiles.
Nossiter réussit là un joli parallèle entre le monde du vin et le cinéma : la même passion pour son métier; l’engagement à faire bouger les choses ; comprendre l’importance du passé aussi bien dans l’œnologie que dans le cinéma pour évoluer ; être novateur, tout en respectant certaines traditions ancestrales (vin) et en puisant dans le patrimoine culturel (cinéma).
Il serait presque nécessaire d’aller voir ce documentaire de dénonciation positive (et de faire un petit détour par ces vignes !) car il met sous les projecteurs les problèmes et les aberrations du productivisme agricole mais montre en même temps des hommes et des femmes passionnés et engagés, qui font (doucement mais sûrement ?) bouger le système avant qu’il ne nous écrase totalement… car comme le dit si bien un des viticulteurs, Stefano Bellotti, à la verve engagée : « contrôler la nourriture, c’est contrôler la société »…
