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Publié le dimanche, 12 juin 2011 à 10h06

Rétrospective Francesco Rosi en sa présence à la Cinémathèque Française

Par Stefano Palombari

Cinéaste engagé, artiste en colère, Francesco Rosi est l'auteur d'une œuvre qui tout en dénonçant les tares politiques de l'Italie, n'a jamais délaissé les exigences de la fiction et du spectacle.

Francesco Rosi représente une des figures les plus hautes de l'artiste profondément engagé dans les problématiques de son temps. Le futur cinéaste est né à Naples en novembre 1922. Ayant grandi et étudié dans cette ville, Rosi n'a jamais vraiment quitté sa cité natale. Il reste profondément un homme du Sud, un homme du conflit entre la passion et la raison, du déchirement entre la nature et la culture : "Je suis né à Naples, j'appartiens au Sud, j'ai toutes les contradictions d'un homme du Sud et d'un homme qui a eu le privilège d'une éducation bourgeoise : le privilège d'une culture dans un monde sub-culturel.

Ces contradictions s'expriment dans un conflit très simple et en même temps extrêmement complexe et dramatique : le conflit entre les sentiments et la passion d'une part, la raison d'autre part. Je crois que je suis un typique représentant de ce conflit. Mon univers est un univers d'émotions et de passions, avec tous les défauts, toutes les limites et aussi toutes les généreuses vertus de la passion. Mais en même temps, j'aspire à la raison, à la possibilité de lire les sentiments presque de façon contemporaine à leur naissance ; je cherche à exposer la passion à la lumière d'une analyse rationnelle."

Cinéaste citoyen, Rosi a arpenté l'Italie pour en saisir les contradictions et les maux. Il a puisé son inspiration aux sources du Mezzogiorno - Naples, la Sicile, la Lucanie -, mais aussi aux sources hispaniques. Auteur de ses sujets, il a su s'appuyer sur des romans et des témoignages, adaptant les contes du Napolitain Basile, les récits autobiographiques du Sarde Emilio Lussu ou des Turinois Carlo Levi et Primo Levi, s'appuyant aussi sur le roman de politique fiction du Sicilien Leonardo Sciascia et s'ouvrant à des influences étrangères avec Georges Bizet et Prosper Mérimée, Gabriel García Márquez, Edmonde Charles-Roux. Des projets avortés, notamment un film consacré à Che Guevara ou une adaptation du Jules César de Shakespeare, soulignent cette dimension internationale, visible aussi dans ses films tournés en Allemagne (I Magliari), aux États-Unis (Lucky Luciano, Oublier Palerme), dans l'Europe de l'Est (La Trêve).

Au cours de ces dernières années, tournant le dos au cinéma qui ne lui offrait plus les conditions nécessaires pour la poursuite de son travail, il s'est consacré au théâtre, mettant en scène - nouvelle immersion dans la culture napolitaine - plusieurs pièces d'Eduardo De Filippo, notamment Filumena Marturano et Napoli milionaria. Par certains aspects, Francesco Rosi, que ses amis surnomment affectueusement "le professeur", s'est érigé en conscience morale du cinéma italien, en artiste qui a passé sa vie à se battre pour ses idées.

Informations pratiques
Cinémathèque française   plan d'accès
51 rue de Bercy - 75012 Paris (M° Bercy), tél. 01 71 19 33 33‎
Dates : A partir du 29 juin 2011 Calendrier des projection

Tarif préférentiel 4 € au lieu de 6,50 € pour nos internautes
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Francesco Rosi lors du tournage de Carmen
Cinémathèque française, à partir du 29 juin 2011 tarif préférentiel