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Publié le mercredi, 28 octobre 2009 à 09h47

Primo Levi, l'écrivain au microscope

Par Stefano Palombari

Le livre qu’Ernesto Ferrero consacre à Primo Levi n’est nullement une biographie de plus sur le grand écrivain turinois. Tout d’abord, Ferrero a côtoyé son sujet. Il avait très bien connu Primo Levi, dont il fut l’attaché de presse. Par petites touches, par digressions autour de ses œuvres, de leur succès, des déceptions, des anecdotes, Ferrero nous offre un portrait vivant et émouvant du prisonnier numéro 174517, dès ses premiers pas littéraires jusqu’à sa mort.

Ennemi des raccourcis, des théories faciles, des hypothèses sans fondement, Ferrero est très prudent dans l’analyse de l’état d’esprit de cet écrivain singulier. Une bonne partie du livre est en effet consacrée à l’impact que les écrits de Levi ont eu sur les lecteurs et sur les critiques. Ferrero nous décrit aussi, en connaissance de cause, la genèse de certaines œuvres, le rapport très étroit et indissociable entre la littérature, sa littérature, et la chimie. Sa formation scientifique lui forge un langage essentiel, sobre, qui se montre particulièrement percutant.

Les écrits de Primo Levi n’ont pas toujours été compris tout de suite. Parfois même des éditeurs importants comme Einaudi ou des intellectuels comme Cesare Pavese et Natalia Ginzburg n’ont pas su saisir la portée de ses textes. Le refus du manuscrit de Si c’est un homme de la part de cette dernière, poussera Levi à le publier d’abord chez un autre éditeur et plusieurs années plus tard chez Einaudi.

Il est vrai que les écrits de Primo Levi partent de sont expérience à Auschwitz mais ne s'y arrêtent pas. Cette condition extrême permet au prisonnier scientifique de mener une sorte d'étude anthropologique, qui va au-delà de la situation contingente. Ce qui par ailleurs n'enlève rien à leur valeur de témoignage.

Ernesto Ferrero s’étend aussi sur l’amitié et l’estime réciproques entre Primo Levi et Italo Calvino, qui était devenu directeur éditorial chez Einaudi. Italo Calvino saura donner des conseils avisés à son ami et le guider dans certains choix fondamentaux.
A la fin du livre, Ferrero aborde avec la prudence qui le caractérise, le sujet sensible du « suicide » de Primo Levi. Sur lequel les critiques, les biographes, les journalistes ont couché sur papier les hypothèses et les théories les plus diverses et saugrenues. « Sa mort, qui a eu lieu le matin du 11 avril 1987 dans la maison turinoise où il était né et avait vécu, n’a pas eu de témoins directs, et ne peut même pas être qualifiée de suicide ».

Informations pratiques
Primo Levi, l'écrivain au microscope
Auteur : Ernesto Ferrero
Traducteur : Jean-Luc Defromont
Éditeur : Liana Levi
Prix : 18 €
Parution : octobre 2009

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Primo Levi, l'écrivain au microscope - Couverture
Liana Levi, novembre 2009, 18 €