Paolo Grassino. Invalicabile

Par Ilaria Venneri

Dans la série des grands artistes contemporains, la Galerie Italienne, Paris en collaboration avec la galerie Giorgio Persano de Turin, propose dans ses nouveaux locaux l’oeuvre monumentale de Paolo Grassino. « Invalicabile. L’espace, le temps, la construction de l’oeuvre, l’attention pour le projet, la réflexion sur les trames « éternelles » qui enroulent le passé avec le présent, sont les directions les plus significatives du travail de Paolo Grassino. Les oeuvres de Grassino sont un vrai récit ; elles tissent la trame des événements, un entrelacement apparemment incompréhensible des êtres avec les choses.

Matière, forme et surface sont le théâtre autour duquel Grassino rythme les coups de sa composition, l’essence sur laquelle il construit la mise en scène de ses « écritures tridimensionnelles », un texte qui travaille sur les détails et sur les éléments périphériques de la narration, un texte en verre, en plastique, en béton, en aluminium et aussi marqué par des signes, des coupures, des blessures qui réfléchissent sur l’existence, sur la survie et sur la fin.

« L’impossible possibilité » semble être l’oxymore que l’artiste utilise pour refléter et analyser son époque, pour rendre visible tout ce que son esprit, ses yeux capturent,les signes et les traces qui peuplent l’univers l’entourant tous les jours. Un univers invalicabile, infranchissable, qui semble avoir atteint une dérive peuplée d’hommes, de chiens, de corps « sans organes » (A. Artaud). La matière, le langage et la pensée constituant l’oeuvre de cet artiste originaire de Turin sont donc enracinés dans le vif du for intérieur et de la profondeur de la vie. Une recherche constante sur le sens de l’existence au long de laquelle Grassino a sagement distillé la nature et l’artifice, culture littéraire et métropolitaine, à travers la mise en scène d’une pièce représentant le drame des contraires : réel / imaginaire, conscient / inconscient, lumière / noir, bruit / silence, évolution / dégénération, organique / inorganique.

La matière façonnée, modelée, stratifiée, griffée, pénétrée, violée devient de la forme, de la substance, un élément parfois réel parfois symbolique d’un complexe « théâtre de l’absurde » où se forment ces « documents humains » aux dimensions dramatiques, obscures, impénétrables : des figures plastiques jouant une fin de partie entre la réalité et l’imagination, ou la vie et la dimension onirique et fantastique ».