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Publié le dimanche, 28 décembre 2014 à 13h30

Niobe, opéra en concert d'Agostino Steffani

Par Karima Romdane

Niobe- couverture

Le Théâtre des Champs Elysées vous invite à découvrir, samedi 24 janvier 2015, Niobe d'Agostino Steffani, une rareté donnée en version de concert, Karina Gauvin et Philippe Jarousky seront accompagnés par le Boston Early Music Festival Orchestra dirigé par Paul O'Dette.

Agostino Steffani (1654-1728) est originaire de Vénétie, il voyagea à Paris où il rencontra Lully puis passa la majeure partie de sa carrière, en tant qu'évêque et diplomate, en Allemagne, où il réalisa une synthèse étonnante des styles italiens et français.

" L’histoire de la musique aime les clins d’œil… Et les devinettes à réponses multiples… Soit un musicien de l’ère baroque, natif de Vénétie, cumulant le statut clérical et la composition d’opéras, ayant sillonné l’Europe en laissant derrière lui une traînée de gloire et de souffre... Vous dites Vivaldi ? Manqué ! C’est de Steffani qu’il s’agit. D’Agostino et non d’Antonio. De l’aîné et non du cadet. De l’évêque, né dans la Marche Trévisane en 1654, et non du prêtre aux cheveux roux, né vingt-quatre ans plus tard, au cœur de la Sérénissime.

Moins chanceux que son jeune confrère, Agostino Steffani appartient aujourd’hui à la cohorte des grands artistes à la glorieuse carrière, ayant depuis bien longtemps sombré dans l’oubli et dont l’œuvre magistrale, à l’exception de quelques pièces éparses, n’est plus qu’un lointain souvenir. Sort injuste tant le musicien occupe une place majeure dans l’évolution de la musique baroque en général et de l’opéra baroque en particulier.

Cet italien de souche, ayant très tôt conquis les cours allemandes, fréquenté Lully et joué du clavecin devant Louis XIV à la Cour de Versailles avant de mettre le pied à l’étrier hanovrien au jeune Haendel, fut en effet avant l’heure l’un des plus brillants défenseurs des « goûts réunis », au travers d’une synthèse éblouissante entre les styles italiens et français, réputés irréductibles. Bien avant Haendel à Londres, Caldara à Vienne ou Mondonville à Paris, Steffani fut le premier à démontrer qu’en matière musicale, les Alpes ne constituaient qu’une frontière bouffonne et que de la fusion des styles rivaux pouvait naître une chimère ensorcelante… Second dramma per musica composé par le musicien pour la Cour de l’Electeur de Bavière, le prince Maximilien II Emmanuel, Niobe offre une magistrale illustration de cette démarche créatrice unique en son temps.

Opéra en trois actes sur un livret du poète Luigi Orlandi, l’œuvre fut créée au Hoftheater de Munich le 5 janvier 1688, enrichie de ballets à la française, après avoir fait l’objet de préparatifs exceptionnels. Une autorisation de paiement signée par l’Electeur le 19 mars 1688 nous fournit les précieux détails de ces préparatifs peu communs, incluant pas moins de quatre répétitions complètes au Palais électoral (la Residenz) puis trois au Salvatortheater pour mettre au point les quatre représentations successivement données les 5, 11 et 26 janvier puis 3 février 1688... Niobe conte l’histoire de l’orgueilleuse reine éponyme de Thèbes, dont Ovide a rapporté le destin tragique dans ses Métamorphoses. Petite-fille de Zeus par son père Tantale, Niobe avait épousé le poète et musicien Amphion, fils de Zeus lui aussi, qui lui donna de nombreux enfants. De cette fertilité insolente, la cruelle Niobe tira argument pour railler Leto, qui n’avait donné à Zeus que deux enfants. Artémis et Mars, les deux enfants de la mère outragée, vengèrent cependant l’affront en massacrant les enfants de Niobe, provoquant le suicide d’Amphion. Découvrant le massacre des Niobides, la reine fut foudroyée de douleur et, dans un élan de pitié, Zeus la changea en rocher. Pausanias rapporte ainsi qu’en Lydie, coulait une source intarissable qui n’était autre que Niobe, pleurant sans fin la perte de ses enfants...

Cette tragédie fameuse, dont les versions varient avec les auteurs, ne constitue que le prétexte du drame écrit par Orlandi et mis en musique par Steffani. Par-delà l’argument mythologique, l’opéra munichois conte en effet, à l’aide de nombreux personnages ignorés par les auteurs anciens (outre Niobe, l’œuvre comprend Manto, Clearte, Creonte, Tiberino, Anfione, Tiresia et Poliferno), l’affrontement politico-religieux qui oppose Niobe à Creonte, roi de Thessalie. Sur la base d’une intrigue complexe, fourmillant d’accidents périphériques, Steffani devait composer une partition exceptionnelle tant par la luxuriance de son orchestration que par son originalité structurelle et la richesse harmonique et mélodique de ses airs. Un chef-d’œuvre, assurément."

Frédéric Delamea

Opéra en trois actes (1688). Concert en italien, surtitré en français. Livret de Luigi Orlandi, d’après Les Métamorphoses d’Ovide. Paul O’Dette et Stephen Stubbs direction, Karina Gauvin (Niobe), Philippe Jaroussky (Anfione), Teresa Wakim (Manto), Christian Immler (Tiresia), Aaron Sheehan (Clearte), Maarten Engeltjes (Creonte), Jesse Blumberg (Poliferno), José Lemos (Nerea), Colin Balzer (Tiberino) et l'Orchestre du Boston Early Music Festival. Production Théâtre des Champs-Elysées

Informations pratiques
  • Théâtre des Champs Elysées
  • 15 Avenue Montaigne 75 008 Paris (M° Alma-Marceau)
  • Samedi 24 janvier 2015 à 19h30
  • Tarif préférentiel 15% de réduction pour nos internautes dans la limite des places disponibles. 1ère cat : 81€ au lieu de 95€, 2ème cat : 63€ au lieu de 74€, 3ème cat : 47€ au lieu de 55€, 4ème cat : 25€ au lieu de 30€
  • Pour bénéficier de la réduction, indiquez le le code « Italie à Paris » par téléphone au 01 49 52 50 50 du lundi au vendredi de 11h à 18h ou en venant aux caisses du Théâtre du lundi au samedi de 12h à 19h.