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Publié le lundi, 20 juillet 2015 à 10h55

Meurtres à la pause-déjeuner de Viola Veloce

Par Riccardo Borghesi

Meurtres à la pause-déjeuner - couverture

Disons-nous la vérité, tout dans ce livre prédispose au préjugé.

Partant du titre, qui se veut sympathique, en passant par la couverture glamour digne d’un roman à l’eau de rose, jusqu’au pseudonyme coloré de l’auteur. Qui en Italie, pourrait à priori se dire intéressé par un roman dont l’histoire se situe dans une grande entreprise Milanaise? Moi, je ne connais personne.

La grande entreprise milanaise est, dans l’imaginaire italien, ce qu’est la Défense pour la France: efficacité, concurrence, antipathie, déshumanisation; cravates, tailleurs et costards. Avec en prime le fait que Milan a été pendant trente ans le foyer du terrible virus du Craxisme d'abord et du Berlusconisme ensuite.

Mais malgré cet handicap initial, le livre réussit à captiver. Pas d’emblée, je dois l’avouer, mais déjà au deuxième chapitre le préjugé s’estompe, les personnages prennent forme et ils commencent à communiquer une certaine sympathie.

On commence doucement à entrevoir un regard ironique, une critique légère de ce monde terrible qu’est la grande entreprise. Mais le regard critique se pose aussi sur la société italienne en général, en mettant en scène de la façon grotesque qui lui convient, certains des rituels les plus désolants de ces dernières années: les talk-show télévisés sur crimes et assassinats, les séances de coaching collectifs, les soirées de speed dating dans les bars du centre. Et aussi les obsessions assaisonnant de tristesse le quotidien de l’héroïne: les déjeuners avec les collègues dans les bistrots à menu fixe, les dîners chez les parents à base de plats préparés décongelés, les séries télévisées anesthésiantes.

Tout ça pour dire que l’histoire en elle-même (une série d’assassinats des pires employés de l’entreprise, qui finit par dévaster l’existence déjà décourageante de l’héroïne) est presque une excuse, la preuve en est qu’on a l’intuition du coupable bien avant la fin du roman. Une excuse pour mettre en scène un drame grotesque, humoristique et léger, sur ces années désolantes, dont l’Italie n’est malheureusement pas encore sortie.

PS1: Je me demande pourquoi l’éditeur a voulu donner cette touche de glamour à la couverture, source de malentendus. Allez voir, si vous en avez envie, la couverture italienne d'origine, facile à trouver sur internet.

PS2: Le livre à eu un grand succès en Italie et ses droits ont déjà été achetés par un producteur de cinéma.

Informations pratiques

Meurtres à la pause-déjeuner de Viola Veloce, Liana Levi 18 €
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