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Publié le lundi, 11 mai 2015 à 10h42

Lohengrin, opéra de Salvatore Sciarrino

Par Karima Romdane

Lohengrin - couverture

Dans le cadre du cycle Festival Mai au balcon, le Théâtre de l'Athénée vous invite à découvrir du 19 au 23 mai 2015, Lohengrin, un opéra de Salvatore Sciarrino.

Elsa, une vestale, est accusée de fornication. Lohengrin épouse Elsa, mais, lors de leur nuit de noces, malgré les efforts de la jeune fille pour le séduire, il refuse de consommer le mariage. Au bout d’un moment, l’un des oreillers se transforme en cygne, et Lohengrin monte sur son dos pour repartir sur la lune. L’opéra se termine sur la révélation qu’Elsa est en réalité internée dans un hôpital psychiatrique.

On a peut-être oublié qu’à quelques coudées du héros de la légende arthurienne et très au sud de son noble avatar wagnérien se tenait une autre version de Lohengrin, “Chevalier qui s’avance sur les mers, mélodieux de bravoure, franc comme les cimes”, “Avalanche faite cygne” : celle, passablement ironique qu’en a donné Jules Lafargue en 1887 dans ses Moralités légendaires. “Le voici ! Que c’est Lui !”, s’y exclame sa promise Elsa, “vestale assermentée, gardienne des Mystères, des philtres, des formules et du froment des brioches nuptiales”, avant de convoler vers une atterrante lune de miel…

C’est de cette lecture d’un mythe passablement dégarni que le compositeur Salvatore Sciarrino a tiré, en 1982, une “action invisible pour soliste, instrument et voix”. Un voyage où le récit, les mots et la musique sont resserrés jusqu’à devenir les fragments d’un paysage. Une unique voix devient tour à tour celles d’Elsa et de Lohengrin, celle de la foule déchaînée, celles des oiseaux et des insectes. Est-elle un songe, une hallucination, le flux et le reflux d’une conscience égarée ? “Parfois, le mouvement de l’œuvre m’est inspiré par les différentes phases que la conscience traverse au cours d’une nuit, explique Sciarrino. Il y a le moment non pas du sommeil, mais où la conscience est assoupie, c’est un point mort, un blanc et parfois des moments de tension, où la vigilance est à son paroxysme, où les moindres sons prennent tout leur relief. Puis il y a les chutes de la conscience, instants indispensables… pour se réveiller !” Volant dans les plumes du mythe, Lohengrin est un moment intense de théâtre musical, méditation mouvementée où “il n’y a pas de moments de relâchement, et s’il y en a, ce sont des moments fictionnels où l’on écoute encore davantage.”

Salvatore Sciarrino né en 1947 Da gelo a gelo, Esplorazione del bianco, Cantare con silenzio, Libro notturno delle voci, Infinito nero

Lonhengrin. Opéra et livret de Salvatore Sciarrino d'après la nouvelle de Jules Laforgue. Action invisible pour soliste, instruments et voix en un prologue, quatre scènes et un épilogue spectacle en italien surtitré en français. Durée 45mn sans entracte. Direction musicale Maxime Pascal, mise en scène Jacques Osinski, avec Le Balcon. Coproduction : Le Balcon, L’Aurore boréale avec le soutien de la fondation Orange ; coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet.

Avant la représentation, le musicologue Jacques Amblard vient nous éclairer sur les oeuvres, en salle Christian-Bérard. mercredi 20 mai 19h à 19h30 entrée libre

Informations pratiques
  • Théâtre Athénée-Louis Jouvet
  • square de l’Opéra Louis-Jouvet 75009 Paris (M° Opéra, Havre-Caumartin, RER A Auber )
  • Tarif unique 10€. Pour réserver en ligne
  • Mardi 19 mai à 21h, mercredi 20 mai à 20h, samedi 23 mai à 21h