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Publié le mercredi, 20 avril 2016 à 11h16

Folles de joie (La pazza gioia), un film de Paolo Virzì

Par Valentina Pasquali

La pazza gioia - scena film

Paolo Virzì abandonne les atmosphères brumeuses de la Lombardie et ses « Opportunistes » et revient à sa Toscane et à la comédie pour nous raconter une histoire de joie et de folie.

Donatella et Beatrice sont deux femmes appartenants à deux milieux sociaux diamétralement opposés et qui se rencontrent dans un lieu où toutes les différences sont gommées : la clinique psychiatrique Villa Biondi.

Venant d’une famille brisée, Donatella (une Micaela Ramazzotti très intense dans sa maigreur maladive et ses tatouages) a grandi avec le (faux) mythe d’un père musicien qui est en réalité pianiste de piano-bar. Elle écoute tout le temps la même chanson de Gino Paoli et croit que son père en est l’auteur. Sa mère, de son côté, convoite l’héritage du vieil homme qu’elle assiste.

La pauvre Donatella – rejetée aussi par son petit ami et père de son enfant – vit le drame d’une mère jugée inapte à cause de sa dépression  et qui s’est vu retirer la garde de son fils : elle a tenté de se suicider avec lui.

Beatrice (Valeria Bruni Tedeschi – mèches blondes, vêtements griffés même à l’asile et parasol japonais) au contraire, est une femme riche et branchée qui a connu le « jet set » mais qui a perdu la tête pour un bandit après avoir dilapidé le patrimoine familial. Elle parle tout le temps des gens célèbres qu’elle fréquentait, de sa belle vie passée ; mais était-ce vraiment une belle vie ?

Profitant d’un moment d’inattention de leurs surveillantes, les deux femmes se lancent dans une aventure rocambolesque qui les conduira à revoir les lieux et les gens de leurs vies précédentes. Donatella veut surtout voir son fils qui a été donné en adoption à un couple.

En comparant les deux femmes, on trouve chez Donatella une humanité et une sensibilité énormes – bien que mêlées au délire de sa personnalité tourmentée – qu’on ne retrouve pas dans l’univers de Béatrice où tout n’est qu’apparence. Virzì ne manque pas de donner sa propre vision : l’affirmation récurrente dans ses films d’une sorte de supériorité anthropologique des « derniers ».

Un peu « Thelma et Louise », un peu « Vol au-dessus d'un nid de coucou », un peu « Le Fanfaron », « Folles de joie » est à la fois un portrait social, humain, une réflexion sur la relativité de la frontière qui sépare la folie de la normalité. La folie, à sa manière, est joie ; probablement plus que un certain type de normalité. Mais c’est surtout, profondément, un hymne passionné à la vie.

Informations pratiques
  • Sortie nationale 8 juin 2016