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Publié le vendredi, 26 avril 2013 à 15h55

Fais de beaux rêves, mon enfant. Roman de Massimo Gramellini

Par Luisa Palazzo

Le pouvoir de la littérature est d’être magnifique et terrible, réelle et imaginaire. Elle crée des mondes avec tout et rien, et le lecteur s’y aventure avec curiosité, plus ou moins conscient de ce qui l’attend. Cependant, lorsqu’une expérience est presque ineffable comme la perte d’une mère, et que c’est la voix d’un enfant qui la raconte, la traversée de ce monde emmène le lecteur sur le seuil de l’intimité la plus inviolable, face à un sentiment universel et pourtant inédit auquel il assiste involontairement impuissant.

Massimo Gramellini est la voix de cet enfant qui, a 9 ans, doit faire face à la mort de sa mère atteinte d’un cancer. La déchirure provoquée par cette perte est indicible, mais les raisons de l’enfant sont incroyablement plus fortes que la réalité. Elles se substituent aux silences du père, surmontent l’indifférence de la gouvernante et fuient l’indiscrétion des camarades d’école. Jusqu’à ce que l’adolescent et puis l’adulte ne remplacent l’imagination du petit Massimo avec un inconfort paralysant, reniant – souvent inconsciemment – la perte, et le besoin, de l’amour maternel.

Ainsi, l’écriture, qui nous avait habitués à l’incrédulité innocente de l’enfance, vire brusquement pour refléter cette impasse dans la vie du protagoniste : on le voit se perdre, puis il se réfugie dans l’amour et dans la carrière, mais il ne se rend pas compte qu’en réalité il fait semblant de vivre. Sans doute, il risque aussi de perdre son lecteur, qui pourrait regretter la voix mélancolique de l’enfant du début du roman, mais c’est grâce à cette deuxième partie de l’histoire que Massimo Gramellini nous invite à saisir le véritable message de son expérience : dans la vie, il faut savoir accepter la réalité, accepter de grandir, ne pas avoir peur de changer ni de souffrir, et surtout ne pas s’empêcher de vivre.

Si tu avais grandi auprès de ta mère, maintenant tu aurais moins peur de tomber. Mais tu aurais également moins besoin de voler. Malgré le fait qu’elle ne soit pas là, il est temps que tu commences à battre des ailes.


Massimo Gramellini est journaliste et vice-directeur de La Stampa. Il coanime une émission de télévision sur Rai Tre. Après des débuts comme chroniqueur sportif, il est devenu journaliste politique et a notamment couvert le siège de Sarajevo en 1993. Fais de beaux rêves, mon enfant est son deuxième roman.


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Informations pratiques
Fais de beaux rêves, mon enfant
Auteur : Massimo Gramellini
Traducteur : Irène Imbert Molina
Éditeur : Robert Laffont
Prix : 19 €

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