Publié le mercredi, 28 mars 2012 à 12h51
Co(rps)-propriété de Valerio Magrelli
Il y a presque dix ans, Valerio Magrelli, poète, essayiste et traducteur romain, faisait sortir aux éditions Einaudi Nel condominio di carne, un recueil de cinquante-cinq textes poétiques ou poèmes en prose sur le corps comme demeure périssable de l’existence.
Corps-propriété est le titre français du livre, paru récemment chez Actes Sud dans la collection « un endroit où aller ». Le choix de la collection est significatif pour cet ouvrage de Magrelli, qui – en citant Valéry – nous révèle que « la vie vole de corps en corps, traquée par leur faible durée, comme un oiseau traqué, qui fuit de branche en branche leur tremblante fragilité ».
Le corps serait cet endroit où la vie se réfugie, se rebelle et se transforme : un véritable champ de bataille dans l’expérience de l’auteur, qui résume son existence par le récit singulier des maladies et des inconvénients de la chair qui l’ont accompagné de son enfance à l’âge adulte. Mais ici la fragilité poétique évoquée par Valéry se voile d’ironie, voire d’humour, pour révéler au lecteur la « cohabitation » forcée des différentes parties d’un corps vu comme défectueux, maladroit, parfois embarrassant, et (trop) souvent malade.
De la vue à l'ouïe, de l’odorat au toucher et au goût, l’exploration minutieuse du corps de l’auteur finit par ressembler à une radiographie du corps de tout lecteur.
« Les grippes de mon enfance ; au lit, mais à coté de moi l’inséparable trompette rouge et flamboyante, qui me permettait d’appeler à l’aide, d’appeler le monde entier à témoin, dans mon vaillant Roncevaux »