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Publié le dimanche, 5 juin 2016 à 10h11

Ascanio Celestini, Je me suis levé et j'ai parlé

Par Stefano Palombari

Je me suis levé et j'ai parlé - couverture

Difficile de résumer ce petit livre. Difficile car forcément réducteur. Si le texte ne fait que 120 pages, une fois la lecture achevée, on a l'impression d'avoir lu un volume bien plus épais. Soyons clairs, si le texte est complexe, il n'est jamais ennuyeux. C'est ça la prouesse de Celestini. Chaque page grouille de pensées profondes sans que la lecture n'en soit jamais fatigante.

Je me suis levé et j'ai parlé est un livre sur l'univers carcéral. Sauf qu'on ne s'en rend pas compte tout de suite. Un peu comme se lever au beau milieu de la nuit, lourd de sommeil, et comprendre seulement au bout d'un certain temps que l'on n'est pas chez soi. C'est un livre important. Très important, où la forme s'adapte, dans une sorte de mimétisme, au sujet traité. Un texte, poignant de désespoir, le désespoir du contre vertige.

Tout le long du récit, le personnage principal, est hanté par la préparation d'un discours. Un discours maintes fois réécrit et corrigé. Il faut qu'il explique, fasse comprendre, convainque les juges. Mais à chaque fois qu'il commence à écrire, il s'égare. Un sujet en appelle un autre, un personnage historique lui évoque un camarade de lutte… tout lui semble essentiel car tout est lié.

Un discours donc qui ne pourra jamais être parfait, donc achevé, car il devrait inclure pratiquement toute l'histoire. Le personnage de Celestini appelle à l'aide les protagonistes du Risorgimento italiano, Giuseppe Mazzini in primis. Il se rend compte qu'ils sont tous passés par la case prison. Avant de mourir presque tous très jeunes. Car le statut du héros dépend des circonstances. Passer de héros à malfrat, voire terroriste, est une question de virgules. La syntaxe de la politique d'abord et de l'histoire ensuite a ses règles inflexibles. La même action peut être considérée héroïque ou condamnable par rapport à l'autorité du mandataire.



La taule est le labyrinthe du Minotaure. On y tombe dedans pour les raisons les plus disparates. Souvent même en leur absence. Mais on n'en sort pas. Pas par la porte en tout cas… Les discours deviennent donc superflus. Je me suis levé et j'ai parlé est un livre qu'il faut absolument lire. Un livre d'une extrême finesse qui confirme qu'Ascanio Celestini, n'est pas seulement un dramaturge remarquable et un excellent cinéaste mais aussi un narrateur hors pair.

Informations pratiques

Je me suis levé et j'ai parlé de Ascanio Celestini, Notabilia, 15 €
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