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Publié le vendredi, 15 juillet 2016 à 14h37

Anna Rispoli : Vorrei tanto tornare a casa

Par Karima Romdane

Anna Rispoli- couverture

Dans le cadre du Festival Paris quartier d'été, les 15 et 16 juillet, les habitants de la résidence Raymond Queneau dans le 18e arrondissement de Paris vont participer à une performance insolite imaginée par l'artiste italienne Anna Rispoli : composer en morse, et en musique, la phrase "Je voudrais tellement rentrer à la maison".

Au départ, il y avait une consigne très simple : demander aux habitants d’un grand immeuble de composer, en morse, la phrase “Je voudrais tellement rentrer à la maison” en éteignant et en allumant les lampes de leur appartement. Tout simple… Mais faisons confiance à l’être humain pour tout compliquer. De cette injonction facile naissent une performance et une expérience humaine, un spectacle et un émerveillement partagé. Un moment de lumière et de musique, où s’humanise ce qu’on croyait hostile, où se créent des connexions que l’on croyait rompues ou jamais établies.

Cette performance a donné lieu à des mois de préparatifs et de discussions entre des gens qui partagent un même espace sans se connaître, réunis dans une expérience artistique collective, tout en restant chez eux !

La performance a déjà été donnée à Bruxelles – elle a donné lieu, entre autres, à la création d’une amicale des locataires puis à celle d’un potager commun. À la demande des habitants, elle a eu lieu à nouveau sept ans plus tard. En Lettonie, dans une résidence d’étudiants, elle a fait se rencontrer pour la première fois ceux qui parlaient russe et ceux qui parlaient letton. En Corée, elle a été l’occasion d’une petite transgression : rentrer chez soi pour participer à quelque chose qui, a priori, ne sert à rien ? – à peine concevable pour l’hyper-productive société coréenne. Et à Paris, porte de la Chapelle ? Qu’adviendra-t-il ?

Le spectacle est bref : 25 minutes environ. Mais il aura fallu des mois de rencontres, de discussions, pour se connaître ou pas, ou tenter de s’apprivoiser. “On utilise le mot de ‘communauté’, comme si c’était forcément positif et comme si c’était forcément existant. Si mille personnes habitent dans un même bâtiment, on considère que c’est une communauté. Ce n’est pas du tout vrai. Une communauté, ce serait partager un système de valeurs, ou beaucoup d’autres choses.” Les 15 et 16 juillet, on partagera à coup sûr un moment fort, réunissant l’intime et le spectaculaire, la musique et la lumière. Joli hasard, la résidence qui s’illuminera porte le nom d’un expert amoureux de Paris, Raymond Queneau, qui écrivait comme ça :“Il faut de tout pour faire un monde. Il faut des vieillards tremblotants. Il faut des milliards de secondes. Il faut chaque chose en son temps.”

Informations pratiques
  • Résidence Raymond Queneau
  • Gratuit
  • Vendredi 15 et samedi 16 juillet 2016 à 22h20, durée 25mn